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100 ans après

Les armes chimiques de la guerre de 14-18 à nos jours ou la naissance des armes de destruction massive NRBCe.

Les armes chimiques de la guerre de 14-18 à nos jours ou la naissance des armes de destruction massive NRBCe.
Nous commémorons cette année le…

Nous commémorons cette année le début de la guerre de 1914-1918.

Selon le poète « elle fut longue et massacrante » et 16 millions de personnes y perdirent la vie. D’ailleurs existe-t-il le moindre petit village en Europe qui ne possède un monument à la mémoire des morts de ce conflit ?

C’est pendant cette guerre que furent utilisés pour la première fois les produits chimiques comme arme de destruction massive NRBCe. En 1918, plus de 125 000 tonnes d’armes chimiques avaient été produites par les différents belligérants. On considère que plus d’1 million de personnes ont été blessées par ces armes et que 90 000 en moururent (ce qui, rapporté au nombre de victimes totales, est relativement faible).

Les armes développées pendant la guerre ont été les gaz toxiques suffocants comme le chlore et le phosgène et les vésicants comme le gaz moutarde (ypérite).

Ce n’est que beaucoup plus tard qu’apparurent les agents neurotoxiques comme le Tabun (1936), le Sarin (1939), le Soman (1945) et le Vx(1952) : ce sont les agents chimiques les plus toxiques actuellement connus.

Pendant la guerre du Viet-nam l’armée américaine a utilisé des défoliants contaminés par de la dioxine dont les effets toxiques ont touché entre 2 et 5 millions de personnes entre 1961 et 1971 (les effets néfastes de ce poison se font encore sentir à l’heure actuelle).

Le Tabun et la gaz moutarde ont été utilisés par l’Iraq pendant la guerre Irak-Iran de 1980 à 1988) touchant plus de 100 000 personnes. Le Sarin a tué 1 400 personnes en 2013 pendant la guerre civile Syrienne.

La communauté internationale a signé un grand nombre de protocoles et traités favorables à l’interdiction des armes chimiques : 1899 déclaration de la Hague, 1907 convention de la Hague, 1925 protocole de Genève, 1993 convention internationale pour l’interdiction des armes chimiques à Paris entré en vigueur en 1997. Sur les 197 pays possibles seuls 6 (Corée du Nord, Birmanie, Angola, Soudan du Sud, Egypte, Israel) ne l’ont pas signé et/ou ratifié. L’organisme de contrôle, l’OAIC ou « organisation pour l’interdiction des armes chimiques » a reçu le prix Nobel de la paix en 2013. Elle a permis la destruction de 72 000 tonnes d’armes chimiques.

Néanmoins, nous ne sommes pas à l’abri d’utilisation de ces armes lors de conflits ou d’attaques terroristes, d’autant plus que leur fabrication est relativement facile. En 1995 la secte Aum répand du Sarin dans le métro de Tokyo et le bilan est lourd : 11 morts et 5 500 blessés.

Les recherches scientifiques et appliquées doivent se poursuivre.

– Dans le domaine de la toxicologie il faut mieux appréhender les phénomènes toxicologiques et les mécanismes d’action des produits toxiques. Si des progrès notoires ont été réalisés dans le domaine du traitement contre les organophosphorés (oximes rétablissant la fonction des acétyl-choline estérase), les antidotes aux substances vésicantes comme le gaz moutarde n’ont pas beaucoup progressé depuis un siècle.
L’identification du produit dans l’environnement et/ou sur les tissus blessés est un élément important dans la mise en route rapide d’un traitement rapide et efficace.
Les toxicologues doivent aussi s’intéresser de près aux produits chimiques non considérés comme des armes chimiques comme les gaz lacrymogènes ou incapacitants. Ces produits sont dits « non létaux » mais, comme chacun sait, cette notion dépend étroitement de l’individu (sexe, poids, résistance immunitaire, état de santé…). Ceci est bien montré par la résolution catastrophique de la prise d’otages qui eu lieu dans le theatre de Moscou occupé par des tchétchènes en 2002. Le bilan est lourd : le mélange incapacitant d’opïodes a tué 118 otages et fait 646 ont dû être hospitalisés.

– La chimie combinatoire et les nanotechnologies doivent nous permettre de devancer le mode d’action, la détection et les antidotes des nouveaux produits

– Les recherches concernant le trépied « détection – protection – décontamination » du domaine NRBCe doivent être poursuivies. Elles feront l’objet d’un autre article de ce blog NRBCe.

– Les applications duales doivent être favorisées : l’observation des victimes du gaz moutarde libéré d’un bateau coulé dans le port de Bari par l’aviation allemande le 2 décembre 1943 à permis de montrer que ce produit possédait une action cytostatique hématopoïétique. Des dérivés ont été synthétisés, dont la mustine (moutarde azotée) qui est le premier produit utilisé en chimiothérapie anticancéreuse. D’autres substances comme le chlorambucil et la cyclophosphamide (endoxan) sont à l’origine de la chimiothérapie moderne.
D’autre part, le phosgène et les produits analogues sont des produits très utilisés dans l’industrie chimique.

On pourra lire avec intérêt :

« Chemical warfare in the First World War : reflections 100 yars later » A. Mangerich & C. Esser. Arch ToxicolDOI 10.1007/s00204-014-1370-z
http://link.springer.com/article/10.1007/s00204-014-1370-z

François Renaud : histoire de la guerre chimique. Université Ouverte (université Lyon 1) septembre 2014.
http://uo.univ-lyon1.fr/