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Comment décontaminer en cas de contact chimique ?

Rappel : La décontamination immédiate ou d’urgence est le procédé qui consiste à éliminer le plus rapidement possible les agents chimiques, biologiques ou radiologiques ayant contaminé une personne, afin d’éviter la propagation des effets pathogènes, en particulier sur la peau, et le transfert de contamination.

Ce n’est pas la première fois que nous traitons ce sujet mais la parution d’un certain nombre d’articles scientifiques traitant ce sujet ces 2 dernières années nous incite à faire un nouveau point sur ce sujet en analysant quelques publications récentes.

1°) Dans la publication « Chemical Decontamination », l’auteur nous rappelle bien les grands principes de la décontamination :  l’exposition aux produits chimiques, et les lésions tissulaires ou le dysfonctionnement des systèmes organiques qui en découlent, dépendent à la fois de la dose et du temps. Les expositions chimiques, en général, provoquent des lésions plus rapidement qu’avec les agents radiologiques ou biologiques. Étant donné la relation entre le temps d’exposition et le degré de lésion, une décontamination immédiate est essentielle pour limiter l’absorption du produit dans la peau et aussi pour réduire les contaminations potentielles des soignants (contaminations secondaires).

Il est préférable d’initier la décontamination avant l’arrivée dans l’établissement de traitement médical, mais cela n’est pas toujours possible

Les experts s’accordent à dire que, lorsque cela est possible, la décontamination des produits chimiques doit avoir lieu dans la minute qui suit l’exposition.

Une approche pratique, de la décontamination permettra de protéger le patient, les soignants et l’espace de traitement.

– Première étape : enfiler l’équipement de protection individuelle (EPI) ;

– Deuxième étape : retirer les vêtements de la victime dès que possible ;

Les vêtements sont des réservoirs pour les contaminants chimiques, et tout particulièrement pour les liquides pour lesquels l’efficacité de la décontamination diminue rapidement avec le temps. Toute tentative de décontamination d’un patient habillé peut entraîner une nouvelle introduction de produits chimiques dans les tissus profonds.

Cette étape de déshabillage entraînerait une réduction de 80 à 90 % de la contamination chimique.

– Troisième étape : retirer/inactiver le contaminant ;

Une fois que le patient a été déshabillé il faut retirer toute matière solide ou particulaire, certains produits chimiques secs pouvant être exothermiques et causer des dommages supplémentaires au patient lorsqu’ils sont exposés à l’eau. Otez ces particules à l’aide d’une brosse ou d’un chiffon doux ou, si possible, d’un aspirateur manuel à piles. Après avoir retiré tous les vêtements et les particules, procédez à une décontamination sèche ou aqueuse. La décontamination à sec peut être effectuée à l’aide d’un matériau adsorbant tel que la terre de Foulon, le charbon actif, le talc ou des matériaux absorbants tels que des serviettes en papier ou des couches pour bébé afin de réduire l’exposition cutanée avant la décontamination humide.

La décontamination humide avec de l’eau est essentielle pour réduire la contamination et la toxicité, mais certains produits chimiques solubles dans les liquides, en particulier les organophosphorés et les insecticides similaires, ne sont pas facilement éliminés avec de l’eau seule. L’ajout d’un détergent (savon doux à 1%) permet d’améliorer l’élimination des produits chimiques liposolubles, tels que les organophosphorés, et entraîne une diminution de la toxicité et une amélioration de la survie.

Paradoxalement, une exposition prolongée à l’eau peut favoriser l’absorption systémique de certains produits chimiques, ce que l’on appelle « wash-in effect ».

Des recherches menées dans le cadre du projet ORCHIDS (Optimisation through Research of Chemical Incident Decontamination Systems) de l’Union européenne révèlent que le temps de lavage optimal est de 90 secondes et que l’utilisation supplémentaire d’un chiffon doux pour nettoyer soigneusement toutes les surfaces de la peau peut améliorer les taux de décontamination de 20 % supplémentaires.

Les 3 étapes, décontamination sèche, décontamination humide, décontamination technique (gants de toilette, serviettes…) forment la trilogie la plus efficace.

Si des plaies ouvertes sont présentes, ces zones doivent également être soigneusement irriguées.

On peut aussi utiliser un produit plus spécifique comme le RSDL.

2°) La décontamination de la peau est abordée dans le papier « Effect of superabsorbent polymers (SAP) and metal organic frameworks (MOF) wiping sandwich patch on human skin decontamination and detoxification in vitro »

Ils ont conçu un patch alliant des polymères superabsorbants (SAP) et/ou un gel de décontamination cutanée (DDGel) et des MOF UiO-66. Avec les applications de pré-mouillage, de la lingette SAP/MOF et de DDGel, une efficacité maximale a été observée lors d’une exposition cutanée précoce et/ou prolongée, et aucun effet wash-in n’a été observé.

3°) Dans l’étude « In vitro human skin decontamination efficacy of MOF-808 in decontamination lotion following exposure to the nerve agent VX » sept MOF à base de zirconium ont été évalués pour leur capacité à dégrader le VX et ont ensuite été testés in vitro pour la décontamination du VX sur de la peau humaine.

Dans les expériences de décontamination de la peau, le MOF-808 a amélioré l’efficacité par rapport au support seul, essentiellement par une meilleure absorption de l’agent. L’ajout de MOF-808 au RSDL n’a pas amélioré son efficacité déjà élevée.

4°) « Efficacy of Different Hair and Skin Decontamination Strategies with Identification of Associated Hazards to First Responders ». Ce papier montre que l’introduction de la décontamination à sec avant les formes humides de décontamination offre une stratégie simple pour commencer le traitement à un moment beaucoup plus précoce, avec une amélioration correspondante des résultats cliniques et une réduction substantielle des risques secondaires associés aux processus opérationnels.

5°) « Skin Decontamination ». Cette excellente review d’Annick Roul, fait le point sur le déshabillage, la décontamination primaire (décontamination immédiate) réalisée le plus rapidement possible pour éviter l’extension des effets pathologiques des produits et les contaminations secondaires des soignants, puis la décontamination secondaire (utilisation d’eau et/ou décontamination technique).

Ensuite, l’auteur dresse la liste exhaustive des différents produits de décontamination et de neutralisation des produits toxiques ; les poudres, les gants, les lingettes.. puis des produits neutralisants comme les nanoparticules d’oxydes, les gels, les enzymes…

Dans le cas de la décontamination des personnes impliquées dans une exposition chimique, l’élimination physique, comparée à la neutralisation, est de loin plus facile à mettre en place. En commençant par le déshabillage et l’équipement de protection du personnel, l’objectif est d’éliminer la contamination globale et de retirer les vêtements du patient de manière efficace et rapide. La décontamination sèche, basée sur des poudres, des gants adsorbants et des systèmes d’essuyage, doit être envisagée en premier lieu pour les produits chimiques, afin d’assurer une décontamination efficace, de gérer la réponse d’urgence et de garantir des premiers soins et des contre-mesures médicales immédiats.

La décontamination humide, par lavage avec ou sans détergent, est une méthode universelle mais elle comporte quelques contraintes dans l’organisation lorsque l’exposition massive.

À l’inverse, la neutralisation ne peut être envisagée qu’après l’identification du produit chimique. Certaines contraintes limitent la neutralisation en tant que première décontamination, comme le temps qu’elle prend, la dépendance au volume et les risques qu’elle présente.

6°) « Décontamination sèche de simulants chimiques et biologiques ». La neutralisation du produit peut parfois se faire à l’intérieur même du dispositif de décontamination.

La lingette de décontamination d’urgence – DEC’POL ABS® [1]

Ouvry®a mis au point une lingette de décontamination utilisée pour décontamination d’urgence (décontamination sèche). Elle décontamine par transfert les agents chimiques et biologiques et les piège de façon à éviter leur étalement.

La lingette d’une taille de 20×10 cm est capable d’absorber 40 mL de produit huileux (norme NF T 90-301).

Selon les normes AEP 58 – STANAG 4653 la lingette absorbe 99,6 % de HD et de VX,  sur des coupons de verre, d’acier brut et de textile.

Conformément à la norme STANAG 4653, moins de 0,3 % de VX et d’HD sont ré-étalés sur une surface vierge.

Quant à la décontamination de la peau testée sur HD l’efficacité est supérieure à 99,5 % conformément à la norme  STANAG 4625 (test sur peau de cochon).

Bibliographie

1°) G. M. Johnston, B. K. Wills. Chemical Decontamination.  NCBI Bookshelf. A service of the National Library of Medicine, National Institutes of Health. StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2021.

2°) Y. Caoa , X. Huia , H. I. Maibacha. Effect of superabsorbent polymers (SAP) and metal organic frameworks (MOF) wiping sandwich patch on human skin decontamination and detoxification in vitro. Toxicology Letters, 2021, 337, 7-17.

3°) A. Larsson, J. Qvarnström, S. Lindberg, E. Wigenstam, L. Öberg, R. A.Sander, S. Johansson, A. Bucht, L. Thors. In vitro human skin decontamination efficacy of MOF-808 in decontamination lotion following exposure to the nerve agent VX. Toxicology Letters, 2021, 339, 32-38.

4°) J. Larner , A. Durrant , P. Hughes , D. Mahalingam , S. Rivers , H. Matar. Efficacy of Different Hair and Skin Decontamination Strategies with Identification of Associated Hazards to First Responders. Prehospital Emergency Care, 2020, 24, Issue 3.

5°) A. Roul, H.H.I Maibach, Skin Decontamination, Emergency Medicine Investigations, DOI: 10.29011/2475-5605.010105

6°) M.B Espina-Benitez, E. Denet, M.A. Bolzinger, V. Rodriguez Nava, T. Pollet, I. Pitault, D. Blaha, S. Briançon. Décontamination sèche de simulants chimiques et biologiques / Chemical and biological dry decontamination.(Revue SFMC [2])

Sans oublier les articles déjà parus dans le blog Ouvry

Les nouveaux protocoles de décontamination en réponse à une attaque nrbc [3]

La décontamination pédiatrique [4]

Ouvry et bbi detection lance decpol® : le gant de décontamination [5]

La décontamination des EPI avant déshabillage [6],

La décontamination immédiate ou d’urgence [7]