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Comment désinfecter le COVID-19 ?

La pandémie de COVID-19 s’étend inexorablement sur la planète et près de 3 milliards d’humains sont confinés. Le virus SARS-CoV-2 se propage d’homme à homme par l’intermédiaire des gouttelettes respiratoires. Nous appliquons donc des mesures barrières strictes afin de limiter le nombre de contaminations, en particulier chez les personnes âgées chez lesquelles le virus fait le plus de victimes.

Comme dans toute épidémie, l’élimination physique du micro-organisme par la désinfection fait partie des mesures permettant de se protéger.

Quelles sont les mesures de désinfection applicables au COVID-19 ?

1_ Comment se propage le virus ?

Le virus SARS-CoV-2 se transmet par l’intermédiaire des gouttelettes respiratoires émises lors des éternuements, de la toux ou simplement de la parole. Ces gouttelettes d’une taille supérieure à 5 µm ne se propagent pas à plus de 1 mètre et tombent sur la surface la plus proche. Lorsqu’elles ont une taille inférieure, elles sont sous forme d’aérosol mais elles ne transportent pas de virus : on dit que le virus n’est pas aéroporté.

Lorsqu’on touche la surface contaminée avec ses mains et que l’on porte ces dernières au visage, le virus peut pénétrer dans l’appareil respiratoire par la bouche, le nez ou les yeux.

Pour casser le schéma de l’infection il faut donc : retenir les gouttelettes au moment de leur expulsion en portant un masque chirurgical, se laver les mains, désinfecter les surfaces contaminées, empêcher les gouttelettes projetées directement d’atteindre l’appareil respiratoire en portant un masque du type FFP2.

Appareil respiratoire infecté    –>     Gouttelettes      –>    Surface      –>      Mains     –>    bouche, nez, yeux      –>      Appareil respiratoire sain     –>      Appareil respiratoire infecté

2_ Quelles sont les mesures de pour éviter la propagation du virus ?

Nous avons déjà parlé du port des masques [1] dans ce blog.

Le lavage des mains doit se faire très minutieusement avec du savon car c’est un moyen très efficace pour enlever les bactéries et autres virus pathogènes de la surface cutanée. Le lavage doit durer au moins 20 secondes mais si on veut le faire très sérieusement cela peut prendre jusqu’à 2 minutes. Si on ne dispose pas d’eau (dans les transports en commun, au bureau…) ou de peu de temps (soignant passant d’une chambre à une autre) on utilisera du gel hydro-alcoolique, mélange d’éthanol à la concentration finale d’au moins 60 % , du peroxyde d’hydrogène ou de la chlorhexidine, de la glycérine et de l’eau. En appliquant le protocole convenable le contact se fera environ pendant une trentaine de secondes.  Le mélange d’éthanol et d’un autre désinfectant comme l’eau oxygénée et ou la chlorhexidine confère  un spectre d’action plus large à ce produit. On trouvera sur internet de nombreux tutos pour apprendre à se laver les mains.

La désinfection des surfaces

Désinfecter les surfaces empêche aussi très efficacement la transmission du virus. Nous allons nous intéresser à cet aspect particulier.

3_ Quelques définitions

Nous avons déjà abordé cette thématique dans l’article situé ici [2].

La désinfection est l’action de détruire mécaniquement, physiquement ou chimiquement les microbes sur un milieu inerte non vivant : sols, surfaces, instruments… Il s’agit de réduire la quantité des micro-organismes à un niveau tel que les quelques éléments restants ne soient pas en capacité de donner une infection. Lorsqu’on détruit tous les germes on parle alors de stérilisation mais ce n’est pas applicable dans notre cas, puisqu’on ne veut que couper la chaîne de la contamination.

On distinguera les désinfectants destinés aux surfaces inertes des antiseptiques qui sont des produits utilisés sur la peau. Les antiseptiques et les désinfectants, réunis (avec d’autres substances) sous le terme de biocides, sont capables d’inhiber la croissance des micro-organismes (bactériostase, fongistase, virustase), ou d’avoir une action létale (bactéricidie, fongicidie, virucidie, sporicidie) en agissant simultanément sur plusieurs cibles bactériennes ou virales. Les spectres d’actions sont différents en fonction des molécules.

Tiré de Antiseptiques et désinfectants Dr May Fakhouri

Les antiseptiques ont la propriété d’agir sur plusieurs cibles simultanément au sein de la structure bactérienne.

Il faut distinguer 2 sortes de virus : les virus enveloppés qui sont entourés d’une couche lipidique appartenant à la membrane de leur cellule hôte et qu’ils ont emportée avec eux et les virus nus sans lipides extérieurs. Les virus enveloppés sont fragiles et transmis par des contacts rapprochés de liquides biologiques (c’est le cas des coronavirus). Les virus nus beaucoup plus résistants peuvent survivre dans le milieu extérieur (virus de la poliomyélite par exemple). Le virus du Covid-19 est un virus enveloppé donc relativement fragile.

Les cibles virales des biocides sont les acides nucléiques, les protéines et les lipides.

Tiré de « virus, produits antiseptiques et désinfectants), dossier médico-technique, la norme et ses limites, BH Rihn, T Hadou, A Lefaou, INRS, 2001.

On distinguera les composés chimiques très réactifs à action brutale, rapide et non spécifique comme les halogénés, les oxydants, les aldéhydes et les acides et bases fortes., des composés chimiquement stables à action plus spécifique comme les alcools, les ammoniums quaternaires, la chlorhexidine et les dérivés phénoliques. Certains composés sont non létaux mais sont inhibiteurs de croissance comme les métaux (cuivre, zinc…) et les colorants comme le bleu de méthylène autrefois utilisé pour calmer les angines, l’éosine et le bleu trypan dont on badigeonnait les boutons d’herpes ou de varicelle.  

4_ Utilisation des antiseptiques et désinfectants

Un certain nombre de facteurs influencent l’action des biocides. Des facteurs physiques comme la température vis-à-vis de laquelle l’action double pour une augmentation de 10°C. C’est pourquoi il est préférable (quand c’est possible) de se laver les mains à l’eau chaude plutôt qu’à l’eau froide. Il existe des facteurs chimiques antagonistes comme les substances organiques. Par exemple, l’eau de Javel ne peut pas être utilisée sur une surface souillée avec du sang sous peine de voir son action inhibée. Nettoyer une surface à l’aide d’un détergeant avant la désinfection permet à la fois d’éliminer les substances organiques et d’abaisser le nombre initial de germes à éliminer.

Il existe des normes européennes [3] relatives aux antiseptiques et désinfectants chimiques. Les normes de base démontrent l’existence d’une activité dans les conditions les plus favorables au produit. Elles sont communes à tous les domaines et à tous les usages. Les normes d’application essayent de reproduire pour chaque usage des conditions proches des conditions réelles d’utilisation.

Quelques exemples de normes :

Produit antibactérien : norme NF EN 1040, NF EN 1276, NF EN 13 727, NF EN 1500…

Produit antifongique : norme NF EN 1275, NF EN 1650, NF EN 13624…

Produit virucide doit se revendiquer de la norme NF EN 14476.

Pour les antiseptiques il faut aussi s’assurer qu’ils ne sont ni toxiques, ni corrosifs.  

Les biocides entrent dans le champ du « Réglement sur les produits biocides » (RPB, règlement (UE) n° 528/2012) qui a remplacé la « directive relative aux produits biocides » (directive 98/8/CE) qui vise à améliorer le fonctionnement du marché des produits biocides dans l’UE, tout en garantissant un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement.

Un bon désinfectant doit avoir un spectre d’activité adapté aux objectifs fixés (pour le coronavirus, une action virucide). Son action doit être rapide et non inhibée par des substances interférentes (sang, pus…) avoir un effet prolongé et ne pas attaquer le matériel. Non toxique pour le personnel, il doit être facile à utiliser, ne pas laisser d’odeur désagréable et doit être stable.

Les produits utilisés dans le cadre de la décontamination NRBC et constitués principalement d’un mélange d’ammonium quaternaire et et de peroxyde d’hydrogène sont largement surdimensionnés pour la désinfection contre le Covid-19 puisqu’ils s’adressent aussi à la décontamination des produits chimiques : ce n’est peut être pas utile d’utiliser un marteau pour tuer une mouche !

5_ Vectorisation

La vectorisation dépend du type d’application. On citera les formes liquides utilisées par exemple sur des serpillères pour laver le sol, en spray ou en pulvérisation pour des surfaces un peu plus importantes. La « Désinfection des Surfaces par Voie Aérienne » (DSVA) utilisée surtout en milieu hospitalier consiste à nébuliser un produit désinfectant qui retombe sur les surfaces : l’opération se fait en absence de présence humaine et permet d’atteindre les surfaces les plus inaccessibles. La forme « mousse » permet de traiter des parois verticales et des surfaces de porosité élevée. En ce qui concerne l’utilisation domestique les lingettes imprégnées de produits permettent de disposer d’un produit prêt à l’emploi, se conservant bien dans son emballage d’origine et offrant un emploi plus précis et sécurisé.

6_ Application au Covid-19

Le virus SARS-CoV-2 est un virus enveloppé fragile qui ne se transmet que par les gouttelettes respiratoires. Les études concernant sa résistance dans le milieu extérieur ne sont pas concordantes mais on pense qu’il survit environ 3 heures sur des surfaces extérieures. Mais, comme tous les micro-organismes, il peut résister plus longtemps lorsqu’il est protégé à l’intérieur de produits organiques comme les sécrétions respiratoire (jusqu’à plus de 5 jours ?).

Quelles surfaces et comment les désinfecter  [4]?

Ce sont donc les surfaces les plus touchées par les mains qui transmettent le virus. Dans le milieu extérieur ce sont les poignées de porte, les barres d’appui du métro, les boutons d’ascenseur. À la maison, les interrupteurs, les poignées de porte, les robinets et autres téléphones sont les principaux supports. Le linge, par exemple les vêtements, peut être lavé à 60°C pendant 30 minutes. Les surfaces peuvent être désinfectées par de l’eau de Javel à 0,5 % (1 mesure d’eau de Javel du commerce à 2,6 % dans 4 mesures d’eau ou 1 mesure à 3,6 % dans 6 mesures d’eau), après l’avoir nettoyée avec de l’eau savonneuse ou un spray nettoyant si nécessaire. Un spray d’alcool ou tout autre produit estampillé EN 14 476 fera aussi l’affaire à condition de bien suivre les instructions marquées sur les flacons.

On pourra lire avec profit les recommandations du haut conseil de la santé publique à propos de la désinfection des chambres de patients contaminés par le SARS-CoV-2

Cas particulier des surfaces et matériels sensibles

Les téléphones portables, tablettes et autres souris sont des appareils sensibles. Généralement non étanches il n’est pas question de les tremper dans une solution sous peine de perdre définitivement les composants électroniques. Les seuls produits efficaces sont ceux à base d’alcool à 70° ou 60° (l’alcool à 90° est beaucoup moins efficace car l’alcool a besoin d’une certaine quantité d’eau pour agir). L’alcool imprègne une lingette microfibre que l’on frotte partout sur le téléphone, sans oublier la coque. On pourra utiliser une lingette désinfectante pour nettoyer sa souris ou son clavier d’ordinateur.

Faut-il désinfecter les rues et le mobilier urbain ?

De plus en plus de villes nettoient les trottoirs et le mobilier urbain, généralement avec des solutions d’eau de Javel à 0,5 %.

Il faut noter qu’à l’heure actuelle aucune étude ne permet de dire si c’est efficace. En revanche, ce qu’on sait c’est que l’impact environnemental du désinfectant n’est certainement pas nul.

Conclusion

La désinfection des surfaces et le lavage des mains sont les gestes indispensables pour empêcher la propagation du Covid-19.

Pour les mains, le savon de Marseille ou éventuellement le gel alcoolique sont particulièrement indiqués : l’élimination du virus de la surface cutanée permet de ne pas se contaminer le visage et donc les voies respiratoires.

Pour les surfaces, il conviendra d’utiliser des produits désinfectants virucides estampillés NF EN 14476. Pour les surfaces non sensibles, le produit le plus simple est l’eau de Javel à 0,5 %. Pour des produits sensibles comme les ordinateurs ou les téléphones portables, l’alcool à 70° déposé sur une lingette microfibre est la bonne solution.