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Doit on craindre le terrorisme alimentaire ?

L’objectif de cette étude était de comprendre les mesures prises par les restaurateurs, les transformateurs, les grossistes, les fournisseurs et autres détaillants pour protéger du la population du terrorisme alimentaire.

Cette étude néozélandaise nous montre que les contrôles de sécurité appliqués aux produits alimentaires manufacturés et aux exportations de produits finis ne sont pas aussi stricts qu’ils devraient l’être.

Les cibles
Puisque les ambassades, les installations militaires ou les structures gouvernementales sont bien protégées, les terroristes préfèrent s’en prendre à des cibles plus faciles comme les grands hôtels et les restaurants internationaux. Il semble que la fabrication de produits alimentaires finis et leur exportation vers des pays sensibles représente le point sensible du dispositif car il peut y avoir à tout moment une perte de contrôle sur la chaine de fabrication.
Les pays les plus sensibles sont ceux qui importent les produits où le « laissez aller » sécuritaire est important. Le coût d’une telle attaque peut être très élevé, aussi bien sur le plan de l’industrie touristique que sur l’économie de l’agriculture ou du secteur export.
Le moyen le plus simple pour les terroristes est d’empoisonner les aliments et les sources d’eau potable.

Le terrorisme alimentaire
Les analyses des risques montrent que la probabilité d’utilisation du NRBC par des terroristes est très importante. D’autant plus que la mise en oeuvre est relativement simple. La tentative la plus connue est celle perpétrée par la secte des Rajneeshes qui, en 1984, a contaminé les salades et autres crudités de 10 restaurants de « The Dalles » avec une souche de Salmonella afin de rendre malade les électeurs du comté afin de les empêcher d’aller voter. Finalement, 700 personnes furent contaminées (Freney, Renaud 2009).
Dans les faits, bien que plusieurs groupes de terroristes aient essayé, peu d’actes de ce genre ont finalement été enregistrés. Néanmoins, la menace existe et doit être prise très au sérieux. Ce genre d’attaque est très symbolique : l’alimentation représente la sécurité et le confort. Si des terroristes sont capables de s’infiltrer pour réaliser une contamination, la population peut perdre confiance dans leur alimentation et par la même dans les autorités qui les gouvernent.
Les produits les plus utilisés dans les différentes tentatives d’empoisonnement ont été la ricine, l’arsenic et le bacille du charbon.
Pour des raisons économiques, ce sont souvent des sous-traitants qui fabriquent le produit qui peut ensuite être exporté. Il faut donc mettre en place un système de suivi sécurité et traçabilité comprenant les processus de la supply chain pour tous les produits constitutifs.

Méthodologie
La méthodologie de l’étude Néozélandaise était basée sur les approches interprétatives (Fay B. 1996). Des grandes industries ont été contactées et classées en fonction de leur activité (fabricant, restaurant…), la taille de leur production et le nombre de personnels et de sous-traitants. Elles ont été soumises à un même lot de questions.

Résultats, analyses et discussion
Les points faibles révélés par cette étude ont été les suivants :

Manque de contrôle du personnel
Personnel souvent occasionnel et à temps partiel
Pas de politique claire dans la sécurité alimentaire
Contrats de fabrication des aliments
Exportation vers les pays sensibles

Cette étude réalisée en Nouvelle Zélande est bien évidemment transposable dans un grand nombre de pays. Ils sont conscients que le risque existe mais les mesures à prendre sont difficiles à mettre en oeuvre et surtout, très onéreuses.

Cyril Peter, Food terrorism : do we care ?
Freney, J, Renaud F. La guerre des microbes. Eska eds 2009
Fay B (1996) Contempory philosophy of social sciences. Oxford : Blackwell Publishers Limited

photo : AG environmental solutions Ltd