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La bataille de Camerone (30 avril 1863) et la légion étrangère

Nous sommes le 30 avril 2023 soit 160 ans après la bataille de Camerone.

Nous allons vous présenter un « récit », c’est-à-dire une forme de communication racontant une série d’évènements, réels et/ou imaginaires, dans un ordre chronologique, afin de mieux comprendre ce qui s’est déroulé entre l’armée mexicaine et l’armée française. Les faits qui nous ont été transmis oralement pour la plupart, par les différents protagonistes, ne sont pas le reflet d’un travail d’historien mais, ils évoquent une histoire destinée à transmettre des valeurs, celles de la Légion étrangère.

De quoi est-il question ?

Napoléon III, profitant de la guerre de Sécession, intervient au Mexique. Cette inutile et désastreuse expédition du Mexique, dictée en grande partie par l’impératrice Eugénie, tourne court (voir [1]). Et pourtant, la bataille de Camerone, somme toute un événement mineur de l’Histoire dans le contexte de l’expédition mexicaine, permet de comprendre comment la Légion étrangère en a fait la clé de voute de sa tradition. 

Depuis son indépendance en 1821, le Mexique s’est considérablement affaibli, et en particulier dans le domaine économique. En 1861, le pays ne peut plus rembourser ses créanciers européens : Espagne, France et Royaume-Uni. Napoléon III y voit une bonne occasion d’étendre son empire informel et son « soft-power » sur le Nouveau-Monde, tout en resserrant les liens entre la France et l’Autriche en proposant la couronne mexicaine à l’Archiduc Maximilien frère de l’empereur d’Autriche. Rien ne se passe comme prévu…

L’opération internationale contre le Mexique

Le 17 décembre 1861 les Espagnols basés à Cuba débarquent au Mexique, puis c’est au tour de la marine britannique puis des Français. La situation sanitaire n’est pas bonne, la fièvre jaune sévit dans cette région appelée « Terres chaudes ». La signature d’une nouvelle convention financière permet aux Espagnols et aux Britanniques de retirer leurs troupes tandis que l’Empire français entre seul dans une phase de conquête du Mexique sous le commandement du général Latrille de Lorencez.

Le siège de Puebla

Avec moins de 7 000 hommes Lorencez marche sur la ville de Puebla de Los Angeles qu’il croyait dévouée aux monarchistes et prête à lui ouvrir ses portes. Malheureusement, la ville fortifiée est défendue par 12 000 mexicains. Sans aucun soutien populaire, Lorencez tente néanmoins un assaut qui tourne mal avant de faire retraite jusqu’à Oriziba où il y attend les renforts venus de France. Ce sont 23 000 hommes qui débarquent sous les ordres du général Elie-Frédéric Forey. Avant de marcher sur Mexico, Forey décide d’organiser le siège de Puebla où il arrive le 12 mars 1863. La route entre Veracruz et Puebla, longue d’une centaine de kms, est primordiale car c’est la seule permettant le ravitaillement du corps expéditionnaire français. Le 29 avril 1863 un gros convoi se met en route en direction de Puebla et c’est la troisième compagnie qui est envoyée à la rencontre du convoi dans le but de le protéger. Elle est composée de 65 fantassins commandés par le capitaine Jean Danjou, le sous-lieutenant Jean Vilain et le sous-lieutenant Clément Maudet, aucun officier n’étant disponible, tous atteints de la fièvre jaune (vomito negro).

Image tirée de « Si Chalabre m’était conté  [2]»

La bataille de Camerón (Camerone)

Alerté de leur passage, une force mexicaine de 1 200 fantassins et 800 cavaliers vont à la rencontre des 65 fantassins français. Lorsque le combat s’engage, le capitaine Danjou repousse victorieusement plusieurs charges de cavalerie et se retranche dans l’hacienda de Camerone de Tejeda pour fixer l’ennemi le plus longtemps possible.

Devant l’écrasante majorité en hommes (2 000 vs 65), l’armée mexicaine somme le capitaine Danjou de se rendre. Il répond « Nous avons des cartouches et nous ne nous rendrons pas » puis il jure de se défendre jusqu’à la mort et fait prêter à ses hommes le même serment.

Il est 10 heures, Danjou et le lieutenant Vilain sont tués et, à 14 heures il ne reste plus que 12 hommes en état de combattre, sous l’autorité du sous-lieutenant Maudet.

Lorsque l’assaut final est donné, Maudet est frappé à mort et il ne reste plus que 3 légionnaires vivants dont le caporal Louis Maine. Un officier mexicain les sauve en leur demandant de se rendre, ce qu’ils font à condition de pouvoir relever leurs blessés et de garder leurs armes. « On ne refuse rien à des hommes comme vous ! » leur a répondu l’officier.

Le serment de tous ces hommes a été tenu et le bilan, après 11 heures de combat, fait état de 300 morts et 300 blessés du côté mexicain, de la perte des deux tiers des 65 hommes, les autres, blessés ont été soignés.

Leur sacrifice n’a pas été inutile puisque le convoi français est parvenu sans encombre à Puebla.

Napoléon III décida que le nom de Camerone serait inscrit sur le drapeau du Régiment étranger et que, les noms de Jean Danjou, Jean Vilain et Clément Maudet Maudet seraient gravés en lettres d’or sur les murs des Invalides à Paris.

Drapeau du 3e REI © Légion étrangère
Plaque commémorative

Quant à Louis Maine, une rue porte son nom à Mussidan.

Plaque de rue portant le nom de Louis Maine dans le centre-ville de Mussidan sa ville natale

Le mythe fondateur de la légion étrangère

La légion étrangère a été créée en 1831 par Louis-Philippe pour l’employer en Algérie. Elle s’illustre en Algérie, puis en Crimée (1854-1855), en Italie (1859) et au Mexique (1863-1867).

Un monument fut élevé en 1892 sur l’emplacement du combat. Abandonné, il fut reconstruit à l’occasion du centenaire de la bataille en 1963 avec l’inscription

« Ils furent ici moins de soixante

Opposés à toute une armée.

Sa masse les écrasa.

La vie plutôt que le courage

Abandonna ces soldats Français

A Camerone le 30 avril 1863 »

À Camerone, les soldats ont livré un combat perdu d’avance, lointain et désespéré mais leur comportement exemplaire a fixé « l’esprit » légionnaire : ils ont accompli leur mission, quoiqu’il en coute !

L’aspect sacré de l’évènement est complété par la présence d’une « relique », la prothèse en bois de la main du capitaine Danjou. Peu importe la façon dont elle a été retrouvée, elle est régulièrement exposée lors des grandes fêtes.

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Prothèse en bois de la main du Capitaine Danjou

Même si le combat héroïque de Camerone n’a représenté qu’un tout petit évènement à l’échelle du conflit, son récit a pu servir un temps pour masquer l’échec final de l’expédition mexicaine. Néanmoins, il a été le « mythe fondateur », l’évènement marquant où les anciens sont donnés en exemple. « L’esprit de Camerone » imprègne toujours les légionnaires qui ont la capacité à obéir et à combattre jusqu’à la mort. Abnégation et sens sacré du devoir.

Conclusion

Nous sommes en présence ici d’un excellent récit nous permettant de mettre en exergue les qualités exceptionnelles de nos soldats.

Bibliographie

Sur internet la bibliographie abonde.

On pourra en particulier se référer aux papiers suivants :

Histoire de la légion étrangère [3]

Bataille de Camerone [4] Wikipédia

Bataille de Camerone [5] (30 avril 1863) (Histoire pour tous)

Si Chalabre m’était conté [2]

Image de mise en avant : carte postale de la fin du XIXe siècle figurant les soldats mexicains relevant les légionnaires blessés à l’issue du combat le Camerone le 30 avril 1863.

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