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La manipulation des cadavres

Même si le sujet n’est pas d’un abord facile, il est bon de rappeler que les cadavres peuvent représenter un réel danger sur le plan infectieux d’une part mais aussi ils peuvent être à l’origine de contaminations chimiques ou radiologique dans le cas de situations relevant du NRBCe.

Nous allons faire le point sur les différents dangers et sur les façons de manipuler les grands blessés et les dépouilles mortelles.

Les catastrophes naturelles

Dans le cas des catastrophes naturelles (tremblement de terre, tempêtes, inondations…) les victimes peuvent être en très grand nombre mais, contrairement aux idées reçues, rien n’indique que leurs corps peuvent être à l’origine d’épidémies. En effet, sur un corps sans vie les microbes pathogènes ne survivent pas plus de 48 heures (exception importante : le VIH). Ce sont surtout les survivants qui sont responsables des phénomènes épidémiques et c’est pourquoi l’accès à l’eau propre et à une nourriture saine font partie des priorités après la catastrophe. En revanche, les corps des personnes récemment décédées peuvent contaminer d’autres personnes et en particulier celles qui sont chargées de les manipuler.

Les germes responsables de la dégradation du corps n’ont aucun pouvoir pathogène.

Les maladies infectieuses transmissibles

Les maladies infectieuses transmises dans ces conditions peuvent être la tuberculose, les streptocoques du groupe A, les gastroentérites (choléra, hépatites, E.coli, rotavirus, Salmonelles, Shigelle et fièvre typhoïdique et paratyphoïdique,), les encéphalopathies spongiformes (Creutzfeld-Jakob), hépatites B et C, HIV et très probablement les méningocoques. Les personnes décédées au cours de ces événements présentent les mêmes taux de maladies infectieuses que le population générale.

La tuberculose peut être transmise par les aérosols provenant de l’air résiduel des poumons si des fluides s’échappent par les narines et la bouche du corps manipulé. Les virus sanguins (hépatites, VIH) sont transmis par contact entre une peau lésée ou une muqueuse du manipulateur avec du sang ou des fluides corporels. Les infections gastro-intestinales sont transmises par les selles souillant les corps, par la voie fécale-orale soit directement, soit par l’intermédiaire de textiles, de matériel ou d’eau contaminée.

La manipulation des corps

En tenant compte des risques infectieux et de la gravité des contaminations il faut suivre des précautions standard auxquelles on ajoute d’autres préconisations.

L’équipement de protection individuelle (EPI) minimum est constitué d’une paire de gants, d’une blouse imperméable à l’eau et d’un masque chirurgical. Une protection des yeux par des lunettes est souhaitable. Lorsque les risques sont plus importants (VIH, hépatite, Creutzfeld Jakob, SRAS, MERS) il faut renforcer la protection corporelle par des tabliers en plastique) et la protection des yeux et du visage (lunette, visière) doit être renforcée. Pour se protéger des germes plus dangereux comme le bacille du charbon, la peste, la rage, les fièvres hémorragiques, la protection se doit d’être maximale en rajoutant des doubles gants et des sur-chaussures. Les éléments d’hygiène classique comme le lavage des mains, la protection des blessures… doit aussi être de rigueur. Dans tous les cas, la polycombi [1](R) apporte idéalement les éléments de protection nécessaire aux manipulateurs, c’est la cas en particulier pour la gestion des épidémies à Ebola [2].

En plus de l’équipement, il faut avoir un comportement adapté pour éviter tout risque de contamination. Le port de gants est obligatoire surtout si le corps est abîmé. Les gants jetables seront proprement éliminés tandis que les gants non jetables devront être lavés et désinfectés. Pour éviter les contaminations croisées, la manipulation des affaires personnelles est interdite avec des gants souillés.

Pour dissimuler le corps de la personne décédée à la vue du public, pour le protéger des éléments extérieurs avant l’autopsie par exemple et le transporter d’une manière hygiénique les forces d’intervention utilisent un sac ou une housse mortuaire étanche de conception simple. Il est d’ailleurs à noter qu’en cas de maladie infectieuse, la housse mortuaire est obligatoire dans le cercueil.

La vaccination contre l’hépatite B est en mesure de réduire les taux d’infection mais il faut compter sur un temps de latence d’une semaine pour qu’elle soit efficace.

Les situations NRBCe

En cas d’événement NRBCe, la situation est totalement différente de celle des catastrophes naturelles puisque l’agent mortel peut être d’origine chimique, biologique ou radiologique. Le problème de savoir si le cadavre est dangereux ou pas ne se pose pas car, quelle que soit l’attaque, le corps est potentiellement contaminant : soit il est recouvert d’un produit chimique, d’un agent biologique en suspension ou d’un élément radioactif provenant d’une bombe sale par exemple.

Sa manipulation est donc dangereuse car elle mène irrémédiablement à une contamination croisée en cas de fausse manœuvre.

La question de l’équipement du manipulateur ne se pose pas car, après une attaque de ce type revêtir une  EPI est obligatoire (en suivant bien entendu les protocoles d’habillage et de déshabillage).

Le sac mortuaire NRBCe

Il est donc indispensable d’isoler le corps et de le confiner dans un sac mortuaire afin qu’il n’engendre aucune contamination croisée pendant son extraction. Sa conception est différente de la simple housse mortuaire puisqu’il doit résister aux produits chimiques très toxiques, ne laisser échapper aucun agent biologique probablement manipulé pour lui conférer un pouvoir pathogène hors du commun et imperméable aux poussières radioactives d’une éventuelle bombe sale.

Le sac mortuaire [3] de chez Ouvry est constitué d’un matériau souple, étanche et mécaniquement très résistant (résistance à la rupture, à la déchirure et à la perforation). Il comporte aussi un matériau absorbant piégeant les liquides corporels (jusqu’à 8 litres). Ces liquides qui  peuvent contenir des concentrations importantes de germes pathogènes (Ebola par exemple) qui sont neutralisés par des catalyseurs assurant ainsi une pré-décontamination. Le catalyseur est aussi très actif contre les produits chimiques de guerre.

 

Le sac mortuaire présente l’inconvénient de retarder le refroidissement du corps et donc de favorise la dégradation du cadavre. Les gaz émis peuvent alors être importants : des valves filtrantes  d’échappement du gaz permettent au sac de ne pas gonfler sous l’action de la production de ces gaz.

 

D’autres caractéristiques comme la présence d’une fenêtre permettant de voir le visage de la personne décédée, et de poignées de transport sont disponibles.

Le sac d’évacuation NRBCe

Il permet de soustraire la victime de l’environnement pollué tout en le soumettant aux soins d’urgence. Si la victime est contaminée, une fois installée dans le sac elle ne peut plus être responsable de contaminations croisées. Si elle n’est pas encore contaminée on peut lui faire traverser sans risque une zone contaminée. Comme pour le sac mortuaire, l’intérieur du sac d’évacuation [4] Ouvry contient un matériau absorbant décontaminant les produits chimiques et biologiques. Un col en butyle permet l’interfaçage avec une cagoule d’évacuation NH15 [5] et un système de fermeture à glissière autorise le passage d’un bras à l’extérieur du sac afin de prodiguer les soins de première urgence.

Conclusion

Manipuler des cadavres ne se fait pas simplement. Si ce sont des personnes décédées lors d’une catastrophe naturelle, le cadavre peut transmettre les maladies infectieuses préexistantes à la mort. Après 48 heures, les microbes sont généralement morts sauf le VIH qui survit 6 jours et le cadavre ne peut plus être source de contamination croisée. Cependant, des protocoles de protection et de manipulation simples devront être respectés.

Dans le cas d’un événement NRBCe, les contaminations croisées sont obligatoires si les mesures strictes de précaution ne sont pas suivies. Tandis que les sauveteurs revêtus d’EPI transmettent les premiers soins, les victimes décédées sont évacuées en toute sécurité dans des sacs mortuaires adaptés.

 

Bibliographie