- Ouvry – Systèmes de protection NRBC - https://ouvry.com -

La sécurité privée face au risque NRBCe : comment se préparer à l’inattendu (mais probable) ?

L’année 2024 dirigera vers la France la lumière des projecteurs de l’actualité à l’occasion d’évènements d’ampleur exceptionnelle.

De quoi est-il question ?

Ces événements remarquables seront accompagnés de grands rassemblements populaires, enjeux de problèmes sécuritaires évidents. Les jauges de certaines de ces manifestations seront certainement hors de proportion par comparaison avec celles qui sont habituellement gérées dans la capitale parisienne.

Toutes les institutions de sécurité et de maintien de l’ordre seront présentes. Néanmoins, il manquera du personnel qui sera recruté par l’intermédiaire de sociétés privées.

Quelles peuvent en être les conséquences quant à la sécurité NRBCe ?

Les évènements

6 juin 2024 : le D-Day

Le Président Hollande avait reçu en 2014, Barack Obama, la reine Elisabeth II et Vladimir Poutine pour commémorer les 70 ans du débarquement. Cette année, le président Joe Biden devrait être présent ainsi que le roi Charles III. En 2014, avec 800.000 personnes du 5 au 8 juin dans le seul département du Calvados l’affluence était elle-même un record. Les cérémonies sur les plages ont recueilli entre 4000 et 8000 personnes. Côté festivités, l’embrasement de la côte le 5 juin au soir a réuni près de 100.000 personnes. Cette année il est attendu 6 millions de touristes sur le site pendant les festivités.

8 mai 2024 : la flamme olympique arrive

Allumée à Olympie le 16 avril, la flamme arrivera à Marseille à bord du Belem. Pendant 2 mois et demi, elle parcourra tout le territoire français (y compris les territoires ultramarins). Dix mille personnes la porteront jusqu’à la cérémonie d’ouverture le 26 juillet.

26 juillet : cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’été

Fait unique dans l’histoire des jeux, la cérémonie d’ouverture ne se fera pas dans un lieu clos (stade) mais dans un lieu ouvert, c’est-à-dire les bords de la Seine, devant des centaines de milliers de spectateurs. Inutile de dire que le défi sécuritaire est immense.

28 août : cérémonie d’ouverture des jeux paralympiques

Les athlètes prendront possession des Champs-Élysées et de la place de la Concorde pour le coup d’envoi des 17e jeux paralympiques.

8 décembre : la cathédrale est rendue au public

C’est le 15 avril 2019 que la cathédrale de Paris s’enflammait ! Cinq ans et demi plus tard le Président Macron célèbrera la remise en service de l’édifice, certainement en présence du pape François qu’il a invité. On peut s’attendre à la présence d’une foule considérable.

4 et 5 octobre : le 19e sommet de la Francophonie

Ce sommet se tiendra à la Cité Internationale de la langue Française de Villers-Cotterêts dans les Hauts de France. Il réunira tous les chefs d’états de la Francophonie.

La sécurité NRBCe

Le sigle NRBCe [1] signifie Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique. Le « e » exprime le fait que ces menaces peuvent être mises en oeuvre par des explosions. Ces menaces, qui étaient considérées comme étatiques (pendant les guerres par exemple), ont maintenant changé de paradigme et sont clairement identifiées comme des menaces terroristes.

Les exemples les plus significatifs sont l’attaque au gaz sarin [2] dans le métro de Tokyo : le 20 mars 1995, les terroristes de la secte Aum ont libéré du gaz sarin sur 3 lignes du métro convergeant vers Kasumigaseki. Le gaz avait été placé dans des boîtes à repas que les partisans ont percé à l’aide de parapluies, juste avant de quitter les rames. L’attaque NRBCe a fait 11 morts et 5 500 blessés.

Cette attaque, relativement complexe à mettre en œuvre (se procurer le produit, établir la logistique pour son épandage, équipements de protection pour les auteurs…) peut laisser place à des actions plus simples [3] utilisant par exemple le chlore [4] gazeux.

Pour parler plus spécifiquement de la France, on notera qu’un attentat élaboré à la ricine a été déjoué en 2018 mais que des attaques par projection de bouteilles d’acide ont eu lieu pendant les manifestations de gilets jaunes.

Très près de nous, à Lyon, fin décembre 2023, une jeune fille a été brûlée au 3e degré aux fesses en s’asseyant sur le siège d’un autobus imprégné d’un produit, certainement de l’acide.

Le vol de combinaisons de protection en 2015 à l’hôpital Necker nous incite aussi à réfléchir sur les mauvaises intentions des auteurs de ce larcin.

La menace est donc bien réelle, qu’elle soit perfectionnée et à grande échelle ou plus simple à l’échelle personnelle. Dans tous les cas on la qualifiera de « plausible  [5]» .

Les JO de Paris : les forces de l’ordre sur le terrain

Ils seront 10 500 athlètes olympiques et 4350 athlètes paralympiques à participer à 878 épreuves dans 54 sports. Soixante-douze collectivités hôtes, plus de 40 000 bénévoles mobilisés, près de 13 millions de billets mis en vente. Les jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 seront une manifestation sportive de très grande échelle.

L’État a mis en place une gouvernance dédiée [6] aux JOP en matière de sécurité.

Le ministre de l’Intérieur, habituellement compétent en matière d’ordre public et de sécurité, est l’autorité décisionnelle en matière de sécurité des JOP, sous l’autorité du Premier ministre.

Les forces de l’ordre : 30 000 policiers et gendarmes et 15 000 militaires (10 000 à Paris, 5000 en province) sont d’ores et déjà prévus. Les agents de sécurité privée viendront renforcer le dispositif.

En décembre 2023 il manquait encore 20 000 agents privés par rapport aux besoins.

Au 17 janvier 2024 [7], le délégué interministériel aux JO, Michel Cadot évoquait un besoin global de 18 000 agents en moyenne par jour et de 24 000 en pic. Si 9000 personnes ont déjà été formées elles n’ont pas encore été affectées dans les différentes entreprises du secteur. La plupart des entreprises sont d’ailleurs de très petite taille, le métier n’est pas attirant et les entreprises, travaillant principalement dans l’évènementiel, ont des difficultés à se projeter. Peut-être faudra-t-il mobiliser plus de militaires ?

La cérémonie d’ouverture était initialement prévue avec une jauge de 100 000 spectateurs payants (quais bas), mais elle a déjà été réduite à 40 000. (500 000 spectateurs gratuits devraient se trouver sur les quais hauts.) Il faut sécuriser 6 km le long de la Seine. Rien n’est laissé au hasard puisque même les boites des bouquinistes seront démontées.

Il sera recruté aussi 3000 postes réservés aux étudiants [8].

La sécurité privée

Elle est réglementée par Le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), un établissement public administratif de l’État sous tutelle du ministère de l’Intérieur et chargé de mettre en œuvre la réglementation des activités privées de sécurité.

D’après l’ordonnance du 16 mai 2023 [9] relative à la formation aux activités privées de sécurité, l’agent de sécurité privée doit être titulaire d’un diplôme reconnu pour la délivrance de la carte professionnelle par le CNAPS.

Dans le cas des JOP, les agents privés seront principalement positionnés à l’entrée des sites pour le contrôle d’accès et le filtrage, tandis que d’autres seront positionnés dans les enceintes sportives pour le contrôle visuel. À ce titre, il devra présenter des compétences affûtées en observation et gestion de conflits, et en maîtrise des procédures de sécurisation.
S’il accueille et dirige la clientèle, il doit aussi être capable de gérer un départ de feu ou d’appliquer des gestes de secourisme.

Leur formation est à la fois théorique et pratique.

Concernant la gestion des risques la partie pratique fait état de la gestion des risques terrains qui sont la connaissance des risques majeurs, la connaissance des risques électriques et l’initiation au risque incendie.

Leurs équipements

Si les professionnels sont bien équipés, les membres de la sécurité privée sont complètement démunis d’EPI Spécifiques aux risques NRBCe.

Imaginons qu’un évènement NRBCe se produise, important comme par exemple la libération d’un gaz toxique ou moins important comme la projection d’une bouteille d’acide, le minimum d’équipement permettant leur mise en sécurité ou celle de leurs victimes, serait au moins le port d’un équipement de protection respiratoire [10], pour se prémunir de l’action novice des gaz, et l’utilisation de dispositifs de décontamination immédiate [11] afin de ralentir l’évolution des brulures chimiques. Des gants [12] de protection NRBC seraient aussi aussi très utiles, ne serait-ce que pour procéder au déshabillage des personnes contaminées. On pourra aussi noter que ces équipements permettraient aussi de rassurer l’agent qui le porte.

L’alerte donnée, les blessés sont pris en charge par professionnels comme les sapeurs-pompiers, les spécialistes de la sécurité civile ou les hommes de la cellule Nationale NRBC de la gendarmerie, tous munis d’équipements et de matériels, spécialisés.

Leurs formations

Il serait aussi utile d’amplifier leur formation [13] (pour accélérer le recrutement, les 175 heures de formation initiales ont été abaissées à 106 heures), par l’identification simplifiée des substances nocives en s’aidant pourquoi pas de la reconnaissance élémentaire des toxidromes [14], de façon à ce que les agents puissent rapidement faire connaitre aux premiers secours, la nature du produit toxique : est ce un produit vésicant (irritant) ou neurotoxique par exemple ? Dans ce cas, des exercices pratiques seraient indispensables.

Les agents de sécurité auraient alors un rôle clé : observation, constatation de l’évènement NRBCe, premiers gestes de décontamination, identification initiale des produits, communication de l’information par une alerte raisonnée aux sauveteurs professionnels.

Conclusion

Parmi les évènements remarquables qui vont se dérouler cette année en France, le défi sécuritaire est primordial. Parmi eux, les Jeux Olympiques de Paris vont mobiliser une grande partie des forces de l’ordre. Elles devront être complétées par des équipes de sécurité privée qui auront une responsabilité dans le filtrage et la sécurisation des lieux. De ce fait, elles sont soumises aux mêmes risques que les professionnels et en particulier lors d’un éventuel événement NRBCe.

C’est pourquoi, il semble qu’il serait nécessaire de les équiper d’un minimum d’équipements leur permettant d’effectuer leur mission comme un masque de protection respiratoire, des gants résistants aux produits chimiques et des systèmes de décontamination immédiate. Aux premiers postes, ils devront aussi prévenir les secours et les autorités en donnant le minimum d’informations sur les produits utilisés, ce qui rendra plus efficace l’intervention des secours. L’acquisition de ces notions simples mais efficaces ne pourra se faire que par une formation complémentaire [15] à celle qui leur a été dispensée dans leur formation initiale et spécifiquement dédiée au NRBCe.

Bibliographie

Les références bibliographiques sont en liens hypertextes.

(198)