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L’arme chimique en Ukraine ?

Des bruits insistants courent dans les médias, nous alertant que les armes chimiques pourraient être utilisées dans le conflit actuel opposant la Russie et l’Ukraine.

De quoi est-il question ?

Il est vrai que les médias viennent de lâcher les mots qui font peur « armes chimiques et biologiques ».  J’ai d’ailleurs tendance à penser que certains journalistes font un amalgame entre les deux types d’armes, quand ils ne rajoutent pas « nucléaire » sans trop savoir de quoi ils parlent !

Nous rappellerons dans ce blog les caractéristiques de la partie « chimie » du NRBCe (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique, explosif [1]).

L’arme chimique

Une arme chimique [2] est un produit chimique utilisé pour provoquer la mort ou d’autres dommages par son action toxique. Les munitions, dispositifs et autres matériels spécifiquement conçus pour transformer en arme des produits chimiques toxiques, entrent également dans la définition des armes chimiques.

Nous remarquerons que, contrairement aux idées reçues, le produit chimique toxique vectorisé dans une bombe ou un obus n’est pas le seul à entrer dans la définition de l’arme chimique selon l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques). Il faut englober tous les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs ainsi que les munitions et dispositifs vecteurs.

Une arme chimique c’est donc, soit l’un, soit plusieurs des éléments suivants pris ensemble :

Le produit chimique toxique

C’est un produit chimique provoquant la mort ou une incapacité temporaire ou permanente chez l’homme et les animaux. Nous avons déjà traité dans ce blog de la nature de ces produits chimiques comme au chapitre « Les principales armes chimiques : rappel (NRBCe)  [3]».

Citons les neurotoxiques organophosphorés (Tabun, Sarin, Soman, VX), les vésicants (Ypérite), les suffocants (Chlore, Phosgène).

Les précurseurs

Les précurseurs sont des réactifs chimiques intervenant dans la synthèse chimique d’un produit toxique. Ils sont étroitement contrôlés et, pour les connaître, on pourra se reporter au lien de l’IRSN [4].

Les composants clé d’un système chimique binaire ou à composants multiples.

Le précurseur joue le rôle le plus important dans la détermination des propriétés toxiques du produit final et qui réagit rapidement avec d’autres produits chimiques dans le système binaire ou à composants multiples. Le principe actif doit être préparé avant utilisation en faisant réagir deux ou plusieurs précurseurs plus stables généralement moins toxiques.

Tous ces composants sont étroitement surveillés par l’OIAC dans le cadre du contrôle de l’application des protocoles en faveur de l’interdiction des armes chimiques.

Pourquoi utiliser l’arme chimique ?

Cette arme a été mise au point et utilisée par les armées pendant la 1ère guerre mondiale [5]. Elle avait été imaginée à l’origine pour faire sortir les soldats ennemis de leurs tranchées. Les soldats étaient non protégés mais ils surent s’adapter rapidement, rendant plus difficile l’utilisation des « gaz » contre les militaires.

À l’heure actuelle, son utilisation par une armée d’état pourrait trouver une application dans la prise et le contrôle d’une ville (c’est la raison pour laquelle d’ailleurs on en a parlé récemment dans le conflit Russie-Ukraine), la population n’étant pas toujours protégée par des équipements individuels ou collectifs . Néanmoins, la communauté internationale a signé un grand nombre de protocoles en faveur de l’interdiction des armes chimiques et en particulier, la convention internationale pour l’interdiction des armes chimiques de Paris, entrée en vigueur en 1997. L’organisme de contrôle, l’OAIC a reçu le prix Nobel de la paix en 2013. Elle a permis la destruction [6] de 72 000 tonnes d’armes chimiques.

La question qui peut se poser alors est : une puissante armée peut-elle ne pas suivre et se plier aux normes internationales, même si son pays a signé et ratifié l’accord en question (comme c’est le cas de la Russie dans le cas des accords de Paris) ?

Une autre difficulté dans l’utilisation d’une telle arme est son contrôle difficile, les produts pouvant se retourner rapidement contre l’agresseur.

Actuellement, l’arme chimique est surtout utilisée pour répandre la « terreur » par des groupes terroristes (comme la secte Aum [7] par exemple), ou bien pour commettre des assassinats : on se rappellera l’utilisation des agents Novichok [8] par les autorités russes dans le but d’éliminer les Skripal  père et fille ainsi que Alexeï Navalny [9].

Comment s’en protéger ?

La défense dans le domaine du NRBC repose sur 5 piliers : la détection, l’identification et la surveillance, la protection individuelle et collective, la décontamination des personnels et des équipements, les contre-mesure médicales.

Un rapport [10] très récent (mars 2022) de deux députés, André Chassaigne et Carole Bureau-Bonnard, vient nous rappeler que les menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques sont très présentes.

Leur rapport insiste sur le fait qu’il faut accélérer le renouvellement des capacités militaires françaises dans le domaine de la défense NRBC.

On pourra lire avec intérêt l’excellent papier du général André Helly [11] à propos du NRBC.

Ouvry (Systèmes de protection NRBC) propose des solutions concernant plusieurs de ces piliers : la protection individuelle [12], la décontamination [13] et la détection [14]

Conclusion

Il n’était pas inutile de rappeler les caractéristiques de la partie « Chimique » du NRBCe. Nous avons rappelé la définition exacte de cette arme, la difficulté à s’en servir à cause, en particulier, de son inclusion dans un traité d’interdiction signé par les belligérants. Nous parlerons prochainement de la partie « Nucléaire-Radiologique ». Pour la partie « Biologique » on pourra suivre ce lien [15] pour avoir un bilan relativement complet de la situation.