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L’épidémie de Covid-19 est-elle sur le point de se terminer en France ?

Ce que l’on observe

Le nombre de morts dus à la maladie et décomptés quotidiennement diminue ;

La surmortalité générale s’est annulée ;

Le R0 (nombre de personnes contaminées par une personne malade) est presque partout inférieur à 1 (1 personne malade contamine moins d’une personne) donc l’épidémie régresse (dans certaines régions le R0 semble s’être accru mais on nous explique que cela est dû à un autre mode de calcul…) ;

Les « clusters » relativement peu nombreux sont bien maîtrisés grâce au dépistage systématique.

Dans tous les cas, les indicateurs semblent indiquer que l’épidémie régresse, en tous cas en Europe, mais elle s’étend toujours dans d’autres parties du monde, comme aux Etats-Unis et au Brésil par exemple, et l’OMS nous alerte.

Néanmoins, il faut garder sa vigilance car « le virus circule encore ».

Cela signifie qu’il faut dans tous les cas toujours observer les gestes « barrières » : lavage des mains, port du masque, distanciation physique.

Le relâchement coupable d’une partie de la population, généralement jeune, pourrait être considéré pour le moins comme le signe d’un manque de respect envers nos anciens et, pire, il pourrait être à l’origine d’une accélération de la formation de nouveaux clusters (rebond).

Les questions pour l’instant sans réponses

Le virus circulera-t-il pendant les mois chauds de l’été ?

Il y aura-t-il une 2nde vague ?

Quel est le taux de personnes immunisées (on parle de 10 %)

À quelle valeur s’établit le taux d’immunité de masse ? (entre 60 et 80%)

Pendant combien de temps les anticorps protègent ils ?

Il y aura-t-il un vaccin rapidement ?

La maladie deviendra-t-elle saisonnière ?

Pour résumer, il nous est impossible de dire si l’épidémie va s’arrêter, si elle va revenir rapidement ou si elle va devenir saisonnière.

Mais au fait : comment débute et s’arrête une épidémie ?

L’étude des grandes épidémies du passé peut nous donner des éléments sur les différents facteurs permettant à une épidémie de s’éteindre ? 

La peste  [1]: reine des maladies épidémiques

Cette maladie reste gravée dans notre mémoire collective, tout particulièrement la grande peste noire du Moyen Âge qui a ravagé l’Europe en décimant plus de la moitié de sa population pendant 4 années. Elle a eu un impact économique, culturel, social et politique d’une importance considérable. Elle trouve très probablement son origine à Wuhan en Chine (déjà…) en 1340 pour atteindre Caffa en Crimée en 1346 et se répandre dans toute l’Europe à partir de 1347, amenée par les bateaux génois quittant leur comptoir florissant.  

Ignorant tout des modes de contamination les populations quittent les villes en disséminant le fléau. Grâce à des mesures sanitaires, et en particulier la mise en quarantaine, la peste est plus ou moins circonscrite mais elle présente de nombreuses résurgences jusqu’en 1828.

La transmission de la maladie est complexe : la bactérie responsable, Yersinia pestis, infecte les rongeurs sauvages (rats des champs, écureuils, marmottes, gerbilles) qui se transmettent la maladie par l’intermédiaire de leurs puces. Parfois les puces piquent les rats des villes plus proches de l’homme et, dans des conditions particulières elles peuvent piquer l’homme surtout lorsque la surmortalité des rats affame les puces. Les hommes contractent alors la peste « bubonique ». La transmission d’homme à homme ne se fait que lorsque les bactéries contenues dans les poumons passent en aérosol : c’est la peste dite « pulmonaire » dont on se protège grâce au port du masque.

Des éléments qui ont participé à la réduction de la peste ont été identifiés :

Il est très difficile d’imaginer une disparition totale de cette maladie dont le réservoir animal est très important.

Circulation de Yersinia pestis

La variole [2]

Cette maladie virale mortelle dont les traces cutanées sont visibles sur des momies égyptiennes datant de 3000 ans, montrent qu’elle existe depuis très longtemps. Elle serait apparue au néolithique avec la domestication des animaux.  La transmission s’effectue par les voies respiratoires (postillons, aérosols) et par contact avec les lésions cutanées.

La maladie a décimé des populations entières comme celle qui a été involontairement introduite chez les amérindiens au moment de la colonisation du nouveau continent.

Elle était présente sur tous les continents et, par exemple, le nombre total de victimes au XVIIIème siècle aurait été de 60 millions et sa mortalité de 15 %.

La maladie est très immunisante et a donné naissance à la variolisation (transmission des croutes varioleuses d’un individu malade à un individu sain) en 1693 par le Dr Zhang Lu (Chine). Puis ce fut Edward Jenner qui eut l’idée de transmettre une maladie moins grave et proche de la variole, la vaccine, protectrice car présentant une immunisation croisée. La vaccination était née.

Une vaste campagne de vaccination a alors permis d’éradiquer totalement la variole de la surface du globe en 1980. Cette éradication a été possible car il n’y a aucun réservoir animal ni environnemental. L’homme est le seul réservoir. Mais l’homme peut aussi être responsable d’une éventuelle reprise de la maladie car des souches varioliques sont encore conservées sous le contrôle (théorique ?) de l’OMS qui  pourraient être utilisées d’une manière malveillante [3] dans un arsenal biologique !

Le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère)

Apparu mi-novembre 2002 à Guangdong (Chine) ce nouveau coronavirus appelé SARS-Cov s’est propagé grâce aux voyages aériens dans 30 pays, a infecté 8 500 personnes et fait 774 morts. Il a été transmis de la chauve-souris à l’homme après une adaptation chez la civette-palmiste reconnue comme réservoir. Ce réservoir a été maîtrisé et la flambée épidémique soudaine de la maladie a complètement disparu depuis plus de 20 ans maintenant sans que l’on sache exactement pourquoi.

Le coronavirus MERS [4] Middle East Respiratory Syndrome

Il s’est étendu de juin 2012 au 31 mai 2015 en infectant 1 180 personnes pour 483 décès. Lui aussi venu de la chauve-souris, l’hôte intermédiaire a été identifié comme étant le chameau. La maladie n’a pas complètement disparu de nos jours mais elle est correctement contenue grâce aux mesures de dépistage et aux mesures barrières classiques.

Ebola [5]

Le virus Ebola (filovirus) est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées presque  simultanées à Nzara au Sud Soudan et à Yambuku au Zaïre (République démocratique du Congo). La mortalité totale de toutes les épidémies est approximativement de 10 000 morts et les épidémies apparaissent et disparaissent dans un désordre apparent ! 1976, 1979, 1995, 2000, 2004, 2007, 2000, 2003, 2007, 2011, 2000, 2013, 2014…

On peut l’expliquer par la théorie dite « des multi-émergences indépendantes ».

La maladie est une Infection chronique des chiroptères frugivores (chauve-souris) qui souillent de leurs déjections des primates non immuns pendant la période de la fructification. L’homme qui chasse les singes peut se contaminer au contact des bêtes malades : l’épizootie précède le passage à l’homme et donc l’épidémie (singes malades ou morts = risque d’émergence). Pour que l’épidémie démarre il faut que les 3 participants soient présents au même moment dans le même lieu. L’épidémie s’atténue avec les mesures comme le lavage des mains, l’isolement des malades. Il faut aussi éviter tout contact de la peau et des muqueuses avec les liquides infectés.

Ebola : multi-émergences indépendantes

La grippe [6]

Le virus de la grippe – virus Influenza de type A- appartient à la famille des Orthomyxovirus.

De 1510 à 1930 on peut estimer à 30 le nombre de pandémies. Celle de 1918-1920 (grippe dite « espagnole ») a fait plus de 20 millions de morts (rappelons que la guerre de 14-18 a fait 18 millions de morts !).

Tous les hivers le virus mute légèrement en donnant des épidémies contre lesquelles les vaccins doivent être changés chaque année.

Tous les 10 ans le virus présente des sauts antigéniques témoins de changements génétiques majeurs provoquant généralement des pandémies.

Ce fut le cas pour les grippes suivantes :

Grippe asiatique (russe) 1889-1890 ; grippe espagnole 1918-1920 (> 20 millions de morts), Grippe asiatique 1957-1958 (2 millions de morts), Grippe de Hong-Kong 1968-1969 (1 million de morts dont 40 000 en France), Grippe H1N1 2009-2010 (20 000 morts).

La grippe représente le profil type de la maladie saisonnière.

Conclusion

Nous aurions pu donner des éléments de compréhension concernant d’autres épidémies comme la rage, le choléra, les méningites, la tuberculose, le SIDA, les légionelloses…

L’émergence (ou la réémergence) d’un microbe nouveau est toujours difficile à appréhender. Malgré les techniques sophistiquées de diagnostic, en particulier la PCR, malgré les moyens de communication et les coopérations scientifiques intenses (la séquence du SARS-Cov-2  était connue dès le tout début de la maladie), malgré l’avancement général de la science, on s’aperçoit qu’un virus est encore capable d’échapper à notre vigilance, de résister aux différents traitements, d’entraîner un nombre impressionnants de laboratoire dans la recherche d’un vaccin (l’immense majorité des laboratoires de recherche en biologie ont cessé leur activité classique pour se consacrer au SARS-Cov-2), pour finalement bloquer l’ensemble de l’économie de la planète mettant à jour tous les dysfonctionnements, en particulier économiques de l’ensemble des pays.

Nous connaissons un peu mieux le SARS-Cov-2 mais nous n’avons toujours ni traitement [7], ni vaccin mais il y a un point important à noter c’est que nous savons comment nous en prévenir à titre personnel : le respect des mesures d’hygiène élémentaires, les mesures barrières [8] comme le lavage des mains, le port du masque [9] et la distanciation physique sauront nous prémunir non seulement du Covid mais aussi de la grippe ou des gastro-entérites qui nous attendent cet hiver. Ces mesures devront être maintenues très longtemps puissent elles entrer dans nos mœurs à l’image des pays asiatiques.