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Les lettres piégées d’octobre 2001

Le 4 octobre 2001, le « Palm Beach County Health Department » en Floride annonce le décès de Robert Stevens, 63 ans, photographe au tabloïd anglais Sun. Le plus étrange est que sa mort est due à la forme pulmonaire de la maladie du charbon ! Forme clinique exceptionnelle…

Un petit rappel historique sur les évènements de 2001 aux Etats-Unis et les lettres piégées au charbon envoyées aux sénateur Daschle et Leahy.

Les faits

Robert Stevens a apparemment été exposé juste avant son départ en vacances le 26 septembre 2001. Les premiers troubles sont apparus le 30 septembre et il tombe dans le coma 4 heures après son admission au JFK Medical Center de Palm Beach le 2 octobre. Dans les jours qui ont suivi, 4 autres personnes sont mortes à New York et à Washington.

Les lettres piégées

Toutes ces personnes ont été victimes de 11 lettres piégées contenant des spores de Bacillus anthracis envoyées le 18 septembre (7 jours après les attentats) et le 8 octobre. Elles ont toutes été postées de Trenton dans le New Jersey. Traitées dans les machines postales automatiques elles contaminèrent des milliers d’employées de la poste et, après ouverture, de centaines d’autres personnes. En effet, les spores du Bacillus se sont répandues dans l’atmosphère au passage des machines et ont ainsi provoqué une contamination par voie aérienne des personnes qui les ont inhalées. Cette voie de contamination est redoutable car sans traitement elle provoque la mort de 95 % des patients en 1 à 5 jours.
Ce type de contamination est à peu près identique à celui qui eut lieu à Sverdlovsk avec un aérosol tandis qu’ici elle s’est produite avec une poudre contaminée.

Les destinataires

Les lettres de septembre sont destinées à des media NewYorkais (chaines de télévision et quotidiens). Celles du mois d’octobre sont adressées, l’une au sénateur Leahy et l’autre au sénateur Daschle. En ouvrant ce courrier, la jeune vacataire voit s’échapper une fine poudre blanche et elle alerte aussitôt les autorités. Le diagnostic est formel : « Bacillus anthracis ». Les spores se répandent dans tout le bâtiment « Hart building » qui est massivement contaminé par l’intermédiaire de la climatisation ! Tous les employés sont préventivement traités par de la ciprofloxacine pendant 60 jours : traitement très efficace heureusement.

Les messages

Les messages reçus sont déroutants. « 09-11-01, this is the next, take penacilin (sic) now, death to America, death to Israel, Allah is great. Pourquoi des présumés terroristes islamiques préviendraient ils du danger en recommandant de prendre des antibiotiques ?

Après

Tout se complique alors ; des cas de maladie du charbon sous forme cutanée apparaissent chez des postiers ayant manipulé du courrier, puis d’autres cas de formes pulmonaires. Deux mille postiers travaillant à la grande poste de Brentwood doivent prendre des antibiotiques et le bâtiment est lui aussi fortement contaminé. Ce sont en tout 33 000 personnes qui reçoivent préventivement des antibiotiques provenant de stocks nationaux. Au total, 22 personnes sont victimes de la maladie du charbon (11 cas cutanés, 11 cas pulmonaires). Cinq personnes sont décédées.

L’enquête

Les experts montrent que la poudre d’Anthrax utilisée était « militarisée » et qu’elle ne pouvait pas avoir été mise au point par des terroristes amateurs. De plus, les études génétiques montrent que la souche est d’origine « américaine ». Il est évident qu’une telle arme provient d’un laboratoire militaire américain : exit l’hypothèse islamiste.
Les soupçons se portent alors sur le Dr. Steven Jay Hatfill, un spécialiste de Fort Detrick, décrit comme un affabulateur plutôt sympathique. Il a ensuite été mis hors de cause et a reçu une compensation de 5,8 millions de dollars en mars 2008.

Le 29 juillet 2008, le Dr. Bruce Edwards Ivins meurt à la suite de son suicide qu’il a commis peu après sa convocation devant la justice . Ce spécialiste de Fort Detrick a été chargé de l’enquête pendant plusieurs années jusqu’à ce que les enquêteurs s’aperçoivent que les lettres pouvaient provenir de son propre laboratoire…
Personnage fragile, il a essayé à plusieurs reprises de ralentir l’enquête jusqu’au jour ou le FBI saisit dans son laboratoire la souche portant la signature génétique de celle qui a été utilisée pour les attaques.
Il reste néanmoins de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire : le mobile, les moyens de fabrication de la poudre, les complices éventuels… Acte d’un déséquilibré isolé ? Complot ? Bouc-émissaire ? Vrais-faux coupables ?

La décontamination

Dans tous les cas, ces attentats ont fait prendre conscience au grand public et aux autorités de la réalité des menaces du bioterrorisme.

Le coût de la décontamination du Hart Building a été estimé à 26 millions de dollars et une fermeture de 6 mois. Pour décontaminer la poste de Brentwood il a fallu 2 années pour un coût de 30 millions de dollars.

Que peut-on faire pour décontaminer des grands espaces touchés par des agents biologiques aussi résistants que les spores de Bacillus anthracis ?
Nous rappelons ici que les spores sont extrêmement résistantes et que peu de produits chimiques sont capables de les détruire.

Le produit de décontamination approfondie DES’DEC R2D4 lequel, sous forme d’aérosol, de mousse ou de liquide peut détruire toutes les formes végétatives bactériennes ainsi que les spores les plus résistantes. (Il est aussi actif sur les produits chimiques de guerre).

Cet exemple qui a entraîné une panique sans pareil aux USA et bien au-delà dans le monde, et ce juste après les évènements du 11 septembre, nous montre qu’il est impératif de pouvoir répondre rapidement à la menace pour sécuriser les lieux afin 1- d’éviter les contaminations et 2- sécuriser les populations et éviter les mouvements anxiogènes.

On pourra se référer aux 2 ouvrages suivants :

La guerre des microbes : de l’antiquité au 11 septembre 2001. Jean Freney et François Renaud Editions ESKA

L’histoire secrète des guerres biologiques : mensonges et crimes d’états Robert Laffont