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Les munitions au Phosphore Blanc

Le phosphore blanc (Phosphore Blanc) est un solide combustible incolore, blanc ou jaune, cireux, dégageant une odeur d’ail, utilisé dans de nombreux dispositifs fumigènes courants dans l’arsenal militaire. Le phosphore blanc (P₄) est un allotrope du phosphore extrêmement réactif et toxique, il s’agit d’un matériau pyrophorique qui s’enflamme spontanément au contact de l’air. La combustion s’arrête quand tout le phosphore blanc a été consumé ou lorsqu’il n’est plus au contact direct de l’oxygène de l’air.

Les morceaux carbonisés de Phosphore Blanc peuvent conserver jusqu’à 15 % de leur teneur en phosphore blanc et peuvent s’enflammer à nouveau si la scorie est écrasée ou exposée à nouveau à l’air libre. Les morceaux « inactifs » peuvent s’enflammer à nouveau plusieurs semaines après avoir été déployés.

Utilisation militaire et réglementation

Usage
Réglementation

Caractéristiques du phosphore blanc

Propriétés chimiques

Signes cliniques et symptômes

Brûlures thermochimiques : Le phosphore blanc brûle à environ 1300°C, provoquant des brûlures thermiques et chimiques. En cas de contact avec la peau, il pénètre rapidement et continue à brûler jusqu’à ce qu’il soit complètement consommé ou privé d’oxygène. Les brûlures thermiques au 2e et 3e degrés, peuvent être à l’origine d’une morbidité importante et d’hospitalisations prolongées.

Asphyxie : La libération de Phosphore blanc dans un espace clos peut provoquer une asphyxie due à la diminution de l’oxygène. L’exposition à la fumée produite par la combustion de Phosphore blanc provenant de munitions militaires peut entraîner une irritation ou des lésions des yeux, des poumons et de la gorge.

Toxicité systémique : L’absorption cutanée et inhalation de Phosphore blanc peuvent entraîner une nécrose tissulaire suite à un stress oxydatif important (la dose létale par ingestion est d’environ 50 mg).

Effets physiologiques : Quel que soit le mode d’exposition (ingestion, contact direct ou inhalation), le Phosphore blanc, hautement liposoluble, s’accumule finalement dans le foie, le cœur et les reins. Cela peut entraîner une nécrose du foie (nécrose hépatique) ou des reins (lésions tubulaires glomérulaires/insuffisance rénale). Avant que les lésions rénales et/ou hépatiques ne deviennent évidentes, un collapsus cardiovasculaire peut survenir en raison d’une hypovolémie causée par une brûlure chimique et par une cardiotoxicité avec défaillance cardiaque.

Le phosphore blanc peut provoquer des troubles graves, comme une baisse rapide du calcium (hypocalcémie) et une hausse du phosphate (hyperphosphatémie) dans le sang, dès la première heure après une brûlure. Ces déséquilibres peuvent provoquer des troubles du rythme cardiaque notamment avec des modifications de l’activité électrique du cœur (ie. : un allongement de l’intervalle QT[1] [1] (avec un risque de torsades de pointes), des modifications de l’onde ST-T) et une bradycardie progressive.

La mort peut survenir à partir d’une surface brûlée relativement faible, de l’ordre de 10 à 15 %.

L’inhalation de phosphore blanc pendant de courtes périodes peut provoquer une toux et une irritation de la gorge et des poumons. L’inhalation de phosphore blanc pendant de longues périodes peut provoquer une affection connue sous le nom de « mâchoire phosphorée », qui se caractérise par une mauvaise cicatrisation des plaies de la bouche et une dégradation de l’os maxillaire. L’ingestion peut entraîner des symptômes gastro-intestinaux (vomissements, crampes abdominales et douleurs). L’exposition oculaire peut provoquer une irritation, un blépharospasme, une photophobie, un larmoiement et une conjonctivite, et les particules peuvent perforer la cornée.

Conséquences environnementales

Persistance dans l’environnement : Le phosphore blanc peut persister dans le sol et l’eau, posant un danger de contamination durable, il est toxique pour la faune aquatique et terrestre.

Réactions dans l’eau : Le P₄ peut réagir avec l’eau en produisant des acides phosphoriques faibles, mais reste dangereux car il peut reformer du phosphore blanc en cas de dessèchement.

Risques principaux pour les soignants

Décontamination et traitement du patient

Décontamination du patient :

Pendant la décontamination du patient, la sécurité du site est prioritaire. Éviter tout contact direct avec le Phosphore blanc et avoir conscience que l’oxygène peut le réactiver. Décontaminer dans un endroit bien ventilé, car l’agent absorbé peut se dégager des vêtements et de la peau sous forme de gaz.

Décontamination cutanée : retirer tous les vêtements, bijoux, chaussures, etc. Laver les parties du corps touchées de la tête aux pieds à grande eau tiède, en protégeant les voies respiratoires du patient. Porter une attention particulière aux plis cutanés exposés, aux aisselles, aux parties génitales, aux pieds et aux yeux*. Sécher ensuite toute la surface du corps avec des serviettes afin d’éliminer les substances toxiques désorbées et de prévenir l’hypothermie. Une irrigation continue peut empêcher une oxydation supplémentaire et permettre d’éliminer les particules de la surface de la peau sans risque de ré-inflammation. Le phosphore émet également une fluorescence sous la lumière ultraviolette (lampe de Wood), ce qui facilite l’identification du phosphore qui se serait incrusté.

Plaies : Le Phosphore Blanc s’enflammant spontanément au contact de l’air (et pouvant se rallumer après avoir été éteint), les plaies contaminées doivent être recouvertes de gaze imbibée de sérum physiologique jusqu’à disparition complète du Phosphore Blanc. N’utiliser pas de pansements huileux ou gras, car cet élément est liposoluble et peut pénétrer dans les tissus. Un débridement chirurgical minutieux de toutes les particules de Phosphore Blanc incrustées est nécessaire ; porter des gants appropriés et utilisez des outils tels que des pinces ou une cuillère pour les retirer. Conserver toutes les particules solides collectées dans un récipient rempli d’eau pour éviter toute ré-inflammation.

(*) Décontamination des yeux : rincez les yeux à grande eau ou avec une solution isotonique. N’oubliez pas de retirer les lentilles de contact !

Traitement du patient :

Il n’existe pas d’antidote, le traitement est symptomatique. Surveillez les signes vitaux, le rythme cardiaque et l’ECG à 12 dérivations, et effectuez des analyses sanguines (taux de phosphore, protéine C-réactive, glucose, tests de la fonction rénale et hépatique et électrolytes). Réanimer et traiter en conséquence (assistance respiratoire si nécessaire, traitement de l’hypotension et des arythmies, correction des anomalies électrolytiques). Traiter la brûlure conformément aux directives médicales internationales.

Mesures d’urgence à prendre pour limiter le risque d’inflammation du Phosphore Blanc suite à la prise en charge d’une victime contaminée en zone de conflit

Conclusion

L’utilisation de munitions au Phosphore Blanc est réservée à un usage militaire. Néanmoins en pratique, des personnels civils impliqués dans des zones de conflits peuvent subir des dégâts collatéraux et être ainsi affectés par de graves brûlures toxiques. Les personnels soignants intervenant dans ces zones de guerre ne sont pas toujours au fait des risques liés à ce produit chimique hautement inflammable et doivent être sensibilisés aux mesures de prévention et de protection pour leur propre sécurité, la bonne décontamination des victimes brulées au Phosphore Blanc ainsi qu’au traitement symptomatique approprié.


[1] [2] durée de la dépolarisation (contraction) et de la repolarisation (relaxation) des ventricules cardiaque