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L’état de la menace NRBCe

Les armes chimiques et biologiques ont été utilisées à plusieurs reprises depuis la première guerre mondiale.
Ces événements se sont produits soit pendant des faits de guerre, pour des actes de terrorisme ou des actes criminels.
Ceci nous confirme bien que la menace est une réalité.

Au 30 novembre 2016 Wm. Robert Johnston a compilé tous les événements NRBCe qui se sont produits dans le monde. Ils sont majoritairement dus à des produits chimiques mais la menace biologique n’est pas à exclure.

Nous ne parlerons pas ici de l’utilisation des produits chimiques pendant la première guerre mondiale, ni dans l’entre-deux guerres pour nous intéresser plus particulièrement aux utilisations plus contemporaines.

Utilisation des armes chimiques en temps de guerre

1961-1970. L’armée américaine utilise des produits herbicides contaminés par de la dioxine (agent orange) et expose entre 2 et 5 millions de Vietnamiens.
1963-1967. Au Yémen, l’armée Egyptienne utilise du gaz moutarde, du phosgène et des agents neurotoxiques qui tuent 527 soldats et civils.
1975-1983. Au Laos, les forces gouvernementales laotiennes et vietnamiennes provoquent la mort dans les zones rebelles de 6 504 civils et soldats par utilisation de différents agents chimiques.
1978-1983. Au Cambodge, l’armée vietnamienne utilise des produits chimiques et tuent 1 014 civils et soldats dans les zones rebelles.
1979-1989. Pendant l’invasion de l’Afghanistan les armées soviétique et afghane provoquent la mort de 3 042 civils et soldats rebelles au moyens de différents produits chimiques.
1983-1988. Pendant la guerre Iraq-Iran les militaires Irakiens utilisent différents produits chimiques qui tuent 21 000 soldats iraniens et autres civils.
16 mars 1988. A Halabja en Iraq, les militaires Irakiens utilisent le cyanure, l’ypérite et des gaz neurotoxiques contre des civils kurdes Irakiens et font 5 000 morts.
2013. En Syrie, 44 personnes meurent à cause de produits chimiques. La plupart des attaques sont attribuées à l’armée syrienne.
21 août 2013. Dans la banlieue de Damas 1 429 civils meurent sous l’action du gaz sarin contenu dans des roquettes tirées par l’armée syrienne.
2014. On suspecte l’armée syrienne d’avoir utilisé du chlore qui a tué 104 personnes.

Utilisation des armes chimiques par l’état islamique

2014, 40 blessés irakiens et soldats chiites en Iraq par le chlore et l’ypérite ;
23 janvier 2015, 30 blessés par le chlore parmi les soldats kurdes près de Mossoul ;
8 mars 2016 en Iraq, 1 mort et 600 blessés parmi les civils (agent vésicant) ;
21-27 octobre 2016 près de Mossoul, 1 500 blessés et 2 morts à cause de l’incendie d’une mine de soufre répandant dans l’atmosphère du dioxyde soufre.
Utilisation de produits chimiques à des fins terroristes

6 septembre 1987. Dans le ville de Samboanga il y eut 19 morts et 140 personnes intoxiquées parmi des policiers qui s’entrainaient pour une course à pied. De l’eau empoisonnée par un pesticide leur avait été offerte pour se désaltérer pendant leur entrainement.
Le 21 juin 1994 une attaque terroriste utilisant des grenades chimiques à Ormancik en Turquie a tué 16 civils.
Le 28 juin 1994 la secte Aum libère nuitamment du gaz sarin dans la ville de Matsumoto au Japon. On a dénombré 7 morts et 270 blessés. Cette attaque terroriste a précédé une attaque de plus grande ampleur dont nous avons déjà parlé et qui eut lieu à Tokyo le 20 mars 1995 et qui fit 12 morts et 5511 blessés dans le métro.
Le 11 novembre 2002 à Changde en Chine, des criminels ont empoisonné les aliments d’une école et fit 193 blessés, pour la majorité des enfants.
Entre juin et juillet 2003 près de Mossoul des vapeurs de dioxyde de soufre s’échappent d’un stock de sulfures en feu et blessent au moins 41 soldats US.
Le 15 mai 2004 un explosif artisanal explose près de l’aéroport de Bagdad en libérant du gaz sarin qui blesse 2 personnes.
Le 25 septembre 2006 c’est du gaz moutarde qui est libéré à Baghdad dans des conditions similaires blessant 2 soldats US.
Entre octobre 2006 et juin 2007 des terroristes islamiques font exploser des véhicules chargés de chlore sur les civils de plusieurs villes Iraqiennes : 155 personnes meurent tandis que 854 autres sont blessées.
Entre avril et aout 2010 des écoles afghanes subissent l’attaque de pesticides sous forme de gaz qui blesse 672 personnes dont 636 enfants.
Entre mars 2012 et avril 2013 la nourriture de plusieurs commissariats et écoles est empoisonnée par de la mort-au-rat : 53 morts et 40 blessés.
Entre avril 2012 et juin 2013 1952 enfants sont empoisonnés par des pesticides en Afghanistan.

Utilisation des agents biologiques

Bien qu’historiquement moins utilisée, cette arme a fait l’objet d’une intense activité de développement pour ses applications militaires, elle semble en revanche mieux adaptée aux actes terroristes.

La fabrication à grande échelle a été trahie dans l’affaire de Sverdlosk en 1979.
En 1984, les salmonelles répandues par la secte Rajneesh dans les aliments de plusieurs restaurants de The Dalles dans l’Oregon ont atteint 751 personnes. L’acte avait pour but de fausser les résultats d’une élection locale (le vote informatisé n’était pas aussi répandu qu’actuellement !)
L’attaque à l’anthrax en septembre-octobre 2001 et qui a fait 5 morts et 17 blessés nous a montré au moins 2 choses : que certains pays ont réussi à mettre au point des armes biologiques redoutables et que ces dernières peuvent être utilisées à l’échelle terroriste.
On pourra trouver l’article de Robert Johnston en suivant ce lien

Les leçons

Tous les exemples rapportés ici montrent que les armes NRBCe, initialement difficiles à mettre au point, que ce soit pour les armes chimiques que pour les armes biologiques, représentent maintenant une menace réelle et elle est surtout d’ordre terroriste.
Plusieurs articles récents nous alertent sur le fait que Londres redoute une attaque chimique massive de Daech (Etat Islamique). Un certain nombre d’arguments viennent étayer cette hypothèse : la grande capacité d’organisation de Daech permettant par exemple de transporter les substances chimiques. De plus, on sait que l’organisation possède les technologies pour la fabrication de gaz de combat comme l’ypérite et qu’ils n’ont pas hésité à l’utiliser dans les conflits récents. Quand on sait que les services de sécurité marocains viennent de démanteler une cellule de l’EI qui planifiait des attaques chimiques dans le royaume et qu’un récent rapport d’Europol notifiait la possibilité d’un attentat de grande ampleur au Royaume-Uni on possède quelques arguments pour s’inquiéter. Si on rajoute le fait qu’un grand nombre de jihadistes ayant combattu dans les rangs de l’EI reviennent dans leurs pays Européens d’origine et qu’ils n’ont aucune objection morale à utiliser ce type d’armes contre les populations, on aboutit à la constitution d’un cocktail explosif dans tous les sens du terme.

La protection des personnels militaires mais aussi des primo-intervenants et autres personnels impliqués dans les différents domaines connexes est donc une priorité urgente.
La protection des primo-intervenants est capitale pour faire en sorte qu’ils ne soient pas des victimes parmi les victimes (ce qui fut le cas à Tokyo)… et puissent agir efficacement.