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L’évacuation et le transport d’une victime chimiquement contaminée en urgence chirurgicale

Position du problème

 

Comment évacuer une victime contaminée par un produit chimique en urgence absolue ?

On peut se poser cette question soit dans un cadre militaire lorsqu’un groupe de combattants est sous le feu d’armes conventionnelles et d’agents chimiques (agents chimiques de guerre ou TICs), soit dans un cadre civil dans le cas par exemple d’un acte terroriste avec libération de produits chimiques toxiques (type attentat au gaz sarin de Tokyo).

Carole Dougnac, chef de produits chez Ouvry a bien étudié le problème et a présenté ses travaux dans son « Mémoire pour l’obtention du Diplôme Universitaire « Sciences et Technologies Santé Publique et Sciences sociales, Risques sanitaires Radionucléaires, Biologiques, Chimiques et Explosifs » Option C : Développement et évaluation d’un sac d‘extraction de victimes chimique contaminée. »

 

 

Étude bibliographique

Nous résumerons ici son étude bibliographique qui est très complète.

1_ Le transport aérien (MEDEVAC évacuation médicale). Madec S, Valade É. Transport aérien de patients hautement contagieux : principes et moyens. Médecine et armées, 2018 ; 46 :399-404.

Décrit le cas difficile du transport d’un patient atteint d’EBOLA : un prototype correspondant aux exigences ergonomiques , aux contraintes médico-aéronautiques et à la sécurité biologique à été développé : PEGASE (Protection Evolutive Gonflable pour Aéronefs Sanitaires d’Evacuation)

Des blessés radiocontaminés enveloppés dans une double couche de vinyle ont été transportés dans des aéronefs (Renard A, Entine F, Benner P, Bombert Ch, Carfantan C, Travers S, Gagna  G. Prise en charge des blessés radio-contaminés en opération extérieure : peut-on les évacuer par voie aérienne ? Médecine et armées, 2018 ; 46 :389-398)

Il n’est pas envisageable de transporter dans un aéronef des personnes potentiellement contaminantes comme les blessés de Tokyo par exemple sans une protection, les produits contaminants pouvant indisposer le pilote.

2_ Les contamination secondaires.Les contaminations secondaires se créent généralement en dehors de la zone initialement contaminée ou après la phase initiale et elles sont généralement dues aux vêtements des victimes ou les équipements des premiers secours. Le transport de ces victimes doit se faire au moyen d’un système empêchant toute contamination secondaire. (Okumura T, Suzuki K, Fukuda A, Kohama A, Takasu N,. Ishimatsu S, Hinohara S. The Tokyo subway sarin attack: disaster management, Part 2: hospital response. Acad Emerg Med, 1998 ;5 :618-624).

3_ Dans de nombreux cas, des soins pré-hospitaliers nécessaires au maintien des fonctions vitales sont nécessaires. Ensuite des moyens de transport spécifiques aux patients contaminés sont nécessaires pour le transport à l’hôpital.( Martin AJ, Lohse CM, Sztajnkrycer MD.A descriptive analysis of prehospital response de Hazardous material events. Prehospital and disaster medicine, 2015 ; 30 :466-471.)

4_ Le transport par ambulance des patients contaminés a été envisagé par Shin et al. avec le tapissage de l’intérieur du véhicule avec une bache de polyane (Shin DM. Prevention and decontamination of chemical, biological, radiological, and nuclear contaminants for the emergency medical personnel during ambulance services.  Hanyang Med Rev 2015 ;35 :146-151)

Il en résulte donc que le transport d’un blessé contaminé pose au moins 2 problèmes : il ne doit pas être responsable d’une contamination secondaire (personnel, véhicule) et le patient doit pouvoir recevoir des soins en pré-hospitalier ainsi que pendant son transport.

Le sac de transport de victime contaminée NRBC

Le système permettant de répondre à ces 2 questions pourrait être un sac permettant d’envelopper le blessé avec les exigences fonctionnelles suivantes :

 

Le sac d’extraction de victime contaminée [1] développé chez Ouvry (SAS) est en matière étanche NRBC et contient de la matière DECPOL absorbante contre le risque liquide tout en assurant une autodécontamination.

Une fermeture à glissière doublée d’un média filtrant assure l’absorption des vapeurs présentes dans le sac ainsi que l’autodécontamination.

Les voies respiratoires sont directement accessibles et le système est compatible avec les différents masques NRBC y compris les cagoules d’évacuation NH15 [2].

Des passe-câbles permettent le passage des tuyaux de perfusion tout en conservant l’étanchéité du sac.

Le patient subit une décontamination d’urgence (déshabillage, DECPOL [3]…) avant d’être pris en charge  par les soignants qui stabilisent ses fonctions vitales. Les tuyaux de perfusion peuvent être maintenus pendant le transport grâce à des passe-câbles.

Conclusion

Les avantages du sac de transport : confine la victime contaminée, participe à la réduction du niveau de contamination liquide et vapeur, ne nécessite pas de consommable (pas de batterie, ni ventilateur, ni cartouche…) permet une médicalisation (voies respiratoires, perfusion intraveineuses…), compatible avec les moyens de transport (brancard, collier cervical, hélitreuillage), léger et décontaminable.

Il a donc sa place dans le contexte militaire en OPEX par exemple, et dans le contexte civil dans le cadre d’un attentat NRBC où il pourra être utilisé avec profit par les sapeur-pompiers pour transporter la victime en urgence absolue jusqu’à l’hôpital disposant d’un service d’urgence équipé d’une chaine de décontamination à l’entrée.

On pourra aussi le trouver dans les centrales nucléaires et les usines manipulant des produits chimiques pour transporter les victimes d’un bâtiment accidenté contaminé à l’infirmerie non contaminée, avant d’être pris en charge par les sapeurs-pompiers.

 

Félicitations à Carole pour ce très beau travail !

 

Image parPrawny [4] de Pixabay [5]