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Mesures comparées de l’efficacité de 2 EPI vestimentaires face aux pulvérisations de produits phytopharmaceutiques

1- De quoi est-il question ?

Dans tous les domaines, les normes permettent de mesurer la conformité d’un produit à une utilisation donnée. C’est le cas, bien sûr, de la norme ISO 27065 qui détermine les exigences de performance pour les vêtements de protection portés par les opérateurs appliquant des pesticides (phytosanitaires [1]) et pour les travailleurs de rentré (ceux qui pénètrent dans une parcelle traitée après un temps déterminé). Elle s’adresse, aux opérateurs qui appliquent des produits phytosanitaires aqueux ou ceux qui préparent les mélanges, les chargent, les appliquent et nettoient l’équipement et les récipients contaminés. Certains de ces produits [1] peuvent être très concentrés.

Néanmoins, d’un point de vue purement physique, un liquide est toujours accompagné de la vapeur correspondante. De plus, dans le cas de la manipulation des phytosanitaires il se crée des aérosols.

Nous avons donc cherché à déterminer quel est le rôle joué par ces vapeurs et ces aérosols sur des tenues de travail certifiées ISO 27065 protégeant les travailleurs du monde agricole.

2- Matériel et méthodes

         Notre expérience

Dans une étude antérieure [2], nous avions comparé l’efficacité de tenue filtrantes et des tenues imperméables au moyen d’une méthode dynamique. Une trentaine de capteurs sensibles au méthyle salicylate (MS) avaient été disposés sur le corps des sujets tests revêtus soit d’une tenue imperméable de type 3 soit d’une tenue filtrante et évoluant dans une atmosphère contenant du MS. Ces capteurs mesuraient les doses pénétrantes du produit. Les résultats étaient apparemment surprenants : le produit MS pénétrait plus (x18) sous la tenue complètement étanche que sous la tenue filtrante ! L’explication est simple : lors des mouvements du corps, la tenue étanche est à l’origine d’un effet de pompage qui force le gaz extérieur à pénétrer sous la tenue au niveau des interfaces, tandis que pour la tenue filtrante, les mouvements corporels peuvent s’accompagner d’un passage de gaz mais il est réparti sur l’ensemble de la surface du corps et les éléments toxiques sont simultanément ré-absorbés par la doublure intérieure carbonée.

Nouveau système expérimental

Dans cette étude, les capteurs ont été remplacés par un sous-vêtement recouvrant tout le corps et contenant sur toute sa surface un indicateur coloré virant du jaune au rouge en présence de chlore.

Les sujets ont porté, soit une combinaison EPI vestimentaire soit l’EPI combinaison PolyAgri® de chez Ouvry.

Ils ont évolué dans une atmosphère chargée de chlore à une concentration de (3,0±0,2) ppm, à une température de (20±2)°C, une humidité relative de (44±5) % et un temps de (30±1) min. Les combinaisons étaient complétées par des gants, des bottes et des masques de protection avec cartouche filtrante. Ils ont effectué des mouvements normés représentatifs des activités agricoles.

À la fin de l’exercice, dans un premier temps, la simple analyse visuelle de la combinaison permet de mettre en évidence des changements de couleur du jaune au rouge aux emplacements exacts de la pénétration du gaz d’essai, le chlore. Puis les sous-vêtements ont été analysés par un appareil colorimétrique appelé LUCY.

Pour une meilleure visualisation des changements de couleur et une analyse quantitative, les taches colorées sont transformées en pseudo-couleurs représentant différentes concentrations, l’intensité des couleurs étant déterminée à partir d’une courbe d’étalonnage.

L’appareil calcule un « Facteur d’ajustement (F) » qui est le rapport de la quantité théorique de gaz appliqué à l’extérieur de la combinaison et de la quantité de gaz qui a pénétré. Plus F est élevé, meilleure est la protection.

On en déduit un « Facteur de protection (Kp) » qui est le pourcentage de la quantité de chlore qui a pénétré par rapport à la quantité totale de chlore appliquée sur le vêtement. Plus Kp est petit, meilleure est la protection.

Kp = 100/F (%)

3- Résultats

À gauche la combinaison classique de protection, au milieu le sous-vêtement mesurant le chlore et à droite l’analyse colorimétrique quantitative (échelle en µg/cm2)
À gauche la PolyAgri® filtrante, au milieu le sous-vêtement mesurant le chlore et à droite l’analyse colorimétrique quantitative.

 Dose de chlore pénétrantesurface impactéeFKp
EPI vestimentaire57 500 µg80%3,8426,60%
Combinaison PolyAgri® (filtrante)107 µg0,40%22460,05%

Discussion

À l’oeil nu il est déjà aisé de voir que le sous-vêtement jaune présente un grand nombre de taches rouges dans le cas de la combinaison classique. Le chlore est donc passé en grande quantité sous le vêtement protecteur ce qui se confirme à l’analyse colorimétrique où de nombreuses taches apparaissent. Dans le cas de la PolyAgri®, aucune modification de la couleur jaune n’apparaît à l’oeil nu, seules quelques traces sont visibles en colorimétrie. Ce qui se confirme en comparant les surfaces impactées de 80 % dans le 1er cas et 0,4 % dans le second cas.

L’analyse du facteur F nous montre que dans le cas de l’EPI classique 1 partie sur 3,84 du gaz en contact avec la combinaison a pénétré à l’intérieur tandis que pour la PolyAgri® c’est seulement 1 partie sur 2246 qui a pénétré. Le facteur de protection Kp représentant la quantité de chlore qui a pénétré par rapport à la quantité totale de chlore en contact avec le vêtement est égal à 26,6 % dans le premier cas et de 0,05 % dans le cas de la PolyAgri® . Cela signifie que dans le premier cas, 26,6 % du produit appliqué est passé à l’intérieur alors que dans le cas de la PolyAgri® , seulement 0,05 % du produit a traversé la barrière de protection.

Bien que les 2 combinaisons soient toutes les deux certifiées ISO 27065, on constate que la PolyAgri® filtrante protège bien mieux contre les vapeurs et les aérosols de pulvérisation. Ceci est dû à l’aspect filtrant du textile qui permet une meilleure répartition des produits aborbés lors des mouvements, à une bonne gestion des interfaces et à une réabsorption des gaz toxiques par la doublure en carbone.

La combinaison PolyAgri [3]® possède aussi bien d’autres caractéristiques utiles dans le domaine de l’agriculture.