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QU’EST-CE QU’UNE TENUE DE PROTECTION « SANTÉ » ?

De quoi est-il question ?

Dans un récent article Bruno Garrigue  [1]se pose la question du dimensionnement des tenues de protection pour les personnels de santé, qu’ils soient hospitalier, extra-hospitalier, en mission extérieure, en mission humanitaire etc.

S’il existe des EPI (Équipement de Protection Individuelle) bien adaptés aux risques encourus par exemple pour les sapeurs-pompiers, les militaires, les industriels, le milieu agricole, il s’avère que, pour l’instant, aucune tenue n’est adaptée aux risques spécifiques encourus par les soignants qui doivent accomplir des gestes médicaux parfois dans des conditions climatiques difficiles ou dans un environnement chimique ou biologique contaminé.

Bruno Garrigue pose la question suivante : dans un environnement contaminé soit volontairement au cours d’un acte d’agression biologique, ou involontairement en cas de pandémie par exemple, quel pourrait être un EPI adapté permettant de protéger le soignant tout en le laissant libre de réaliser les soins médicaux ? Si la connaissance de l’agent biologique, et en particulier son mode de transmission (gouttelettes, aérosols, liquides biologiques…) permet d’adapter au mieux la protection il arrive parfois que sa méconnaissance peut être la source d’une surprotection ou pire, d’une sous-protection du personnel.

Dans ce blog, nous avions déjà abordé le problème des EPI utilisés dans des régions épidémiques à EBOLA : voir l’article [2] correspondant.

Devant un risque mortel, l’EPI doit être de catégorie III

Actuellement, les soignants peuvent revêtir 2 types de tenues initialement adaptées aux risques NRBC

– étanches ou imperméables de type 3 (résistante au liquide sous forme de jet à pression élevée).

Complètement étanches, elles sont « a priori » rassurantes mais elles présentent de nombreux inconvénients.  Particulièrement inconfortables surtout en pays chaud, lorsqu’elles sont portées longtemps elles peuvent provoquer des hyperthermies et nécessitent un roulement important du personnel. D’autre part, l’entrée d’air contaminé par effet de pompage aux interfaces représente un inconvénient certain. À usage unique elles sont peu onéreuses mais elles produisent beaucoup de déchets ;

– filtrantes du type 4, supportant des liquides sous forme de spray, elles laissent s’évacuer la transpiration et permettent donc une meilleure thermorégulation. Sans effet de pompage, elles captent le contaminant venu de l’extérieur grâce à un media filtrant fixé sous l’enveloppe déperlante extérieure. Réutilisable elle produit beaucoup moins de déchets.

On pourra se référer à notre article comparant les propriétés des tenues étanches et des tenues filtrantes en suivant ce lien [3].

Que nous disent les études réalisées sur cette thématique « soignant » ?

Aucune étude sérieuse n’est capable de définir clairement la tenue de protection à revêtir par un soignant en période d’épidémie. Les matériels à disposition sont souvent trop protecteurs et gênent le professionnel dans son activité de soin, ou bien trop peu protecteurs, ils l’exposent alors aux des risques biologiques.

Une étude bibliographique à grande échelle a été réalisée par Verbeel et al.  [4]mais elle donne des résultats contrastés et difficilement interprétables.

Si les auteurs s’accordent pour dire qu’une tenue de protection est indispensable pour les travailleurs des soins, ils constatent que le problème est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Par exemple, une tenue longue permettra une meilleure protection qu’un simple tablier mais la revêtir et l’enlever représentent des étapes cruciales pouvant provoquer des contaminations. On doit alors mettre au point des formations et les utilisateurs devront suivre correctement les instructions. Concernant la protection respiratoire, comment choisir entre les masques en papier et les appareils respiratoires, pour lesquels l’interface avec la tenue devra être adaptée.  Il semble qu’actuellement cela pose des problèmes importants. En revanche, les études montrent que les EPI fabriqués en textile perméable à l’air emportent l’adhésion des utilisateurs pour leur confort.

Que se passe-t-il dans la pratique actuellement ?

L’auteur nous donne quelques pratiques actuelles : en République Démocratique du Congo en 2019, dans un contexte d’épidémie active d’Ebola, les membres d’une équipe prenant en charge des blessés de guerre étaient équipés de tenues étanches de type 2 avec appareil ventilatoire intégré tandis que ceux qui travaillaient dans le centre de traitement Ebola et qui ne pratiquaient pas d’actes chirurgicaux, portaient des tenues étanches dont certaines parties étaient réutilisées (bottes, tablier, gants…), complétées par des masques jetables.

Toutes ces tenues étanches, difficiles à porter, nécessitent en plus l’acquisition de compétences particulières donc la mise en place d’une formation. En outre, leur stockage est important et la gestion des déchets difficile.

Concernant les tenues hospitalières utilisées contre la COVID-19, ce sont surtout des tenues légères, jetables (quand ce ne sont pas des sacs poubelles découpés en cas de rupture d’approvisionnement !) complétées par un masque jetable ffp2 .

Une tenue spécifique ?   

Bruno Garrigue note aussi que le choix des éléments d’un tenue adaptée à une situation donnée fait perdre beaucoup de temps à tout le monde.

Tout ceci mène l’auteur à se poser la question d’une tenue spécifique « soignants » standard, permettant d’accomplir des gestes médicaux dans un environnement biologiquement hostile. Il en donne les principales caractéristiques dont

Elle devra être réutilisable pour limiter le stockage et les déchets et déclassifiée pour faciliter l’export pour les ONG.

Conclusion

Il est vrai que la question mérite d’être posée : les soignants exercent un métier difficile et plus particulièrement lorsqu’ils sont en mission dans des pays chauds en temps d’épidémie et qu’ils doivent accomplir des gestes médicaux parfois délicats afin de ne pas mettre en danger la vie de leur patient. Une tenue standard adaptée serait la bienvenue pour les protéger des risques infectieux tout en étant confortable et en générant le moins possible de stockage et de déchets.