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Une revue de presse de l’été…

Lorsqu’on est loin de ses bases pendant un été caniculaire, la lecture de la presse « généraliste » nous apporte parfois de bonnes surprises quant à son contenu scientifique.

J’ai choisi de vous faire part, dans ce court blog, d’articles qui ne sont pas passés à la une, mais qui peuvent nous interpeller quant à l’évolution actuelle de certaines maladies infectieuses

De quoi est-il question ?

Nous allons parler de la Covid-19 qui n’occupe plus l’espace médiatique mais qui est encore bien présente. On apprend qu’un personne sur huit souffre de symptômes bien après le déclenchement de la maladie. On connaît aussi mieux l’origine de la pandémie. La variole du singe fait une irruption inquiétante dans l’actualité à cause de sa parenté avec la variole. Les méningites à méningocoques B sont en recrudescence dans l’Est de la France. Un virus nouveau venu de Chine, le Langya henipavirus (LayV) nous menace. La poliomyélite fait à nouveau parler d’elle aux États-Unis.

La Covid-19

Que devient l’épidémie ?

Le SARS-CoV-2 nous a beaucoup occupé pendant plus de deux ans. À ce jour (20 août 2022) nous avons tendance à oublier que le virus est toujours parmi nous. Les spécialistes s’accordent à dire que la 7ème vague qui a touché la France à partir de juin 2022 est sur le point de se terminer car plus aucun marqueur épidémique n’est inquiétant.

Le « Conseil scientifique » a cessé son activité le 31 juillet et a été remplacé par le « Comité de veille et d’anticipation des crises sanitaires ». À sa tête, a été nommée Brigitte Autran, professeur d’immunologie. Selon elle, « l’épidémie n’est pas derrière nous » et elle prédit pour la rentrée la possibilité d’une 8ème vague due au retour du froid ou à l’irruption d’un nouveau variant : le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne s’engage pas beaucoup ! On peut quand même modérer notre inquiétude, les populations maitrisent bien les gestes barrières et la vaccination est suffisamment protectrice, même contre les différents variants, pour limiter les cas graves.

Une personne sur 8 souffre de Covid longue

En revanche, une étude néerlandaise parue début aout 2022 et bien résumée par l’excellent journaliste scientifique Marc Gozland dans Le Monde  [1]du 6 août 2022, a montré qu’une personne sur 8 est affectée par des symptômes persistants plus de 3 mois après le déclenchement de la Covid-19. C’est la « Covid longue » (ou Covid long pour ceux qui n’utilisent pas le féminin !) : la fatigue et la dyspnée (gêne respiratoire) sont les principaux symptômes de l’affection post-Covid-19 mais les douleurs thoraciques, l’agueusie ou l’anosmie font aussi partie des symptômes les plus significatifs.

Publiée au Royaume-Uni en juin 2022, une enquête du Bureau des statistiques nationales (ONS) montre que deux millions de britanniques déclarent présenter une Covid longue. Parmi eux, 72 % indiquent avoir des symptômes depuis au moins 12 semaines, 42 % depuis au moins un an et 19 % depuis au moins deux ans. Ce résultat montre que l’affection post-Covid-19 représente un problème important, avec un bilan humain de plus en plus lourd.

Le marché Huanan de Wuhan

Dans une étude parue dans science et analysée par Marc Gozlan dans Le Monde [2] du 29 juillet 2022 il a été montré scientifiquement que le marché Huanan à Wuhan a été l’épicentre précoce de la pandémie de Covid-19. Elle suggère aussi que le SARS-CoV-2 a probablement émergé à la faveur du commerce d’animaux vivants sauvages sur ce marché. Ce n’est pas le marché le plus fréquenté de la ville (il y en a 4 au total) mais il a joué le rôle de supercontaminateur.

Les 2 lignées A et B

Deux lignées virales (B puis A dans l’ordre d’apparition) sont à l’origine de l’épidémie. La lignée B est celle qui a été largement la plus répandue pendant l’épidémie. Les chercheurs ont analysé la diversité génétique du SARS-CoV-2 dans la phase précoce de la pandémie. Les lignages A et B représentent deux grandes familles de SARS-CoV-2 telles que définies par les analyses phylogénétiques qui étudient la parenté génétique des virus.

Couplés à des simulations épidémiologiques, ces travaux de phylodynamique ont révélé que les deux lignages, présents avant février 2020, ont résulté d’au moins 2 événements de transmission séparée. Ces 2 lignages sont apparus à 7 jours d’intervalle ce qui va à l’encontre de l’hypothèse de la fuite du virus du laboratoire P4 de Wuhan : en effet, cela signifierait qu’il y aurait eu contamination du marché par deux lignages viraux distincts, en provenance du même laboratoire à environ une semaine d’intervalle, ce qui apparaît peu vraisemblable.

En d’autres termes, la pandémie a très probablement débuté à l’occasion d’au moins deux franchissements distincts de la barrière d’espèce entre l’animal à l’homme en novembre 2019.

Les auteurs soulignent que ce n’est pas la première fois que des introductions répétées ont conduit à des épidémies ou des flambées épidémiques dues à des coronavirus. Cela a été le cas avec le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV.

Notons que les hôtes intermédiaires permettant aux virus abrités par la chauve-souris de s’adapter à l’homme et dont il y a un grand nombre de candidats, n’ont pas encore été identifiés formellement. De nombreux hôtes animaux pourraient avoir hébergé les virus ancêtres du SARS-CoV-2, notamment des renards roux, des blaireaux porcins et des chiens viverrins (prédateurs des chauve-souris), tous vendus vivants ou récemment abattus dans les marchés chinois. Des cages où étaient enfermés les chiens étaient même disposées sur des cages contenant des oiseaux.

La variole du singe ou Monkeypox

            Nous en avons déjà parlé dans ce blog [3]. Le virus Monkeypox ressemble beaucoup à celui de la variole mais, contrairement à ce dernier, il ne se dissémine pas par les aérosols mais par les pustules de la peau et des muqueuses ou des gouttelettes de salive.

Selon le dernier bilan communiqué par Santé publique France [4] du 18 août 2022, 2 889 cas confirmés ont été recensés en France. Cent trois mille doses de vaccin ont été livrées dans les centres de vaccination et 43 767 doses injectées depuis le début de la campagne de vaccination. Bien que cette maladie ne soit pas stricto sensu une infection transmise sexuellement (ITS), le vaccin est réservé aux cas contact, aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples, et autres travailleurs du sexe.

Il semble que l’éradication de la variole de la surface du globe en 1980 pourrait être à l’origine de cette épidémie de Monkeypox. En effet, la variole, disparue grâce à une immunité collective importante apportée par le vaccin (et sans réservoir du virus autre qu’ humain) a entraîné l’arrêt de la vaccination. La population mondiale a donc perdu, petit à petit, sont immunisation collective au cours de la quarantaine d’année qui nous sépare de l’arrêt de la vaccination. Ceci a eu 2 conséquences importantes ;

Le vaccin utilisé contre le Monkeypox est le vaccin antivariolique Imvanex, seul à avoir été autorisé pour prévenir la maladie. Produit au Danemark, il est disponible en France mais aussi aux Etats-Unis sous le nom de Jynneos® et au Canada sous le nom de Imvamune®. C’est un vaccin vivant de 3e génération. Très récemment l’Imvanex a été autorisé par voie intradermique au lieu de la voie sous cutanée ce qui permet d’injecter de plus faibles quantités et de gagner des doses Huffpost [6] du 19 Août 2022. Nous pouvons aussi constater que les Fake news à propos des vaccins sont toujours d’actualité : non le vaccin contre le Monkeypox n’est pas expérimental ! 20 minutes [7] du 25 juillet 2022.

Suite aux différentes questions qui ont été posées au gouvernement, on a pu déceler une certaine réticence des autorités à dévoiler le nombre et l’état des réserves vaccinales antivarioliques, réservées en cas d’attaque biologique…

Méningites à méningocoques du type B

Neisseria meningitidis est une bactérie normalement présente dans la gorge et le nez d’un grand nombre de personnes (porteurs sains). Elle peut se transmettre par voie aérienne ou par la salive. Le plus souvent, les méningocoques n’entraînent pas de maladies particulières, mais dans certains cas, ils peuvent provoquer des pathologies très graves.

En infectant les méninges (les membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière), la bactérie donne une maladie appelée méningite qui se caractérise par de la fièvre, des maux de tête, une photophobie, des vomissements, une nuque raide, des troubles de la conscience, de la diarrhée…). Dans certains cas le méningocoque se dissémine dans l’ensemble de l’organisme en donnant une septicémie. Il provoque alors une infection généralisée du sang et de différents organes appelée purpura fulminans qui est fréquemment mortel. L’apparition rapide d’une ou plusieurs taches rouges ou violacées sur le corps est un signe de gravité qui nécessite le transfert en urgence à l’hôpital. La gravité et le risque d’évolution rapide des infections à méningocoques imposent la mise en place d’un traitement antibiotique le plus rapidement possible. Celui-ci s’effectue par voie intraveineuse et est poursuivi habituellement pendant 4-7 jours.

Le meilleur moyen pour se prémunir de la maladie est la prévention par la vaccination.

Douze sérotypes de méningocoques ont été identifiés, les types B, C, Y et W135 étant les plus fréquents en France.

Depuis une année, c’est un variant de méningocoque B qui a infecté une douzaine de personnes dans le secteur de Chambéry et de l’est Lyonnais en quelques mois et provoqué un décès, Libération [9] du 12 août 2022.  C’est une situation tout à fait inhabituelle d’autant plus que ce nouveau variant cible particulièrement les personnes dont l’âge est compris entre 16 et 24 ans.

Selon les chiffres de l’ARS, il y a en France, chaque année, plus de 600 infections graves à méningocoques. Le nombre de décès liés à l’infection par méningocoque est de 10 % sur l’ensemble des cas de méningite global, selon l’ARS. Les personnes les plus touchées par la maladie sont les enfants de moins d’un an, ceux entre un et quatre ans et les jeunes adultes non-vaccinés de 15 à 24 ans.

Pour tenter d’endiguer le phénomène, une campagne de vaccination massive a été lancée en Auvergne-Rhône-Alpes. Cinquante-six mille personnes à risque autour des lieux concernés ont été invitées à se faire vacciner.

Langya henipavirus (LayV)

Un nouveau virus zoonotique appelé Langya henipavirus (LayV) a été identifié. Trente-cinq cas humains ont été recensés à ce jour dans 2 provinces chinoises entre avril 2018 et août 2021. Ainsi, elle ne se propage pas rapidement chez l’homme. Le virus est fréquent chez la musaraigne. Même si ce virus, issu de la chauve-souris et passé par un hôte intermédiaire, a pu avoir été comparé au SARS-CoV-2, il n’y a rien à voir avec une épidémie en cours.

    L’affaire part de la publication, ce 4 août, d’une étude parue dans le New England Journal of Medicine [10], rédigée par des chercheurs d’universités ou d’instituts en Chine, à Singapour et en Australie. Leur enquête, réalisée d’avril 2018 à août 2021 dans plusieurs hôpitaux chinois, s’intéresse aux patients souffrant de fièvre aiguë et récemment exposés à des animaux. Après inspection, les chercheurs ont identifié un nouveau virus du genre Henipavirus, baptisé Langya henipavirus.

Selon La dépèche.fr [11] du 21 août 2022, la plupart des patients infectés étaient âgés de 60 ans en moyenne et présentaient une forte fièvre. Au moins la moitié d’entre eux souffraient également d’épuisement, de toux, de perte d’appétit et d’une diminution des globules blancs. Plus d’un tiers des personnes touchées souffraient également d’une insuffisance hépatique et 8% d’une insuffisance rénale. Par ailleurs, aucun décès n’est à déplorer.

D’après le Pr. François Balloux d’autres Henipavirus peuvent infecter les humains. Par exemple le virus Nipah dont nous avons déjà parlé dans ce blog [12], est une source de préoccupation car il est connu pour se transmettre entre humains, mais il est si mortel qu’il n’a pas de « potentiel pandémique ». LayV semble beaucoup moins mortel mais ne se transmet probablement pas facilement d’humain à humain. À ce stade, LayV ne ressemble pas du tout à une répétition de Covid-19, mais c’est encore un autre rappel de la menace imminente causée par les nombreux agents pathogènes circulant dans les populations d’animaux sauvages et domestiques qui ont le potentiel d’infecter les humains.       

Poliomyélite paralysante

Cette maladie ne vous dit certainement plus grand chose, elle qui était censée avoir été éradiquée dans certains pays a fait sa réapparition. Certaines souches virales ont été identifiées dans certains pays comme le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Afrique…

D’après le Midi Libre [13] du 10 août 2022, les Etats-Unis s’inquiètent d’une propagation possible après la confirmation d’un cas de poliomyélite paralysante dans le comté de Rockland dans l’État de New York fin juin.

Le patient qui n’était pas vacciné a été exposé à une souche virale, mais comme il n’avait pas voyagé, il a été contaminé aux Etats-Unis.

La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles. Ce virus se transmet essentiellement par voie féco-orale en particulier par l’intermédiaire d’eau souillée. La commissaire à la Santé de l’État de New-York a spécifié qu’il fallait s’attendre à des centaines d’infections. Sur la base des épidémies de poliomyélite antérieures, les New-Yorkais devraient savoir que pour chaque cas de poliomyélite paralysante observé, il peut y avoir des centaines d’autres personnes infectées.

Une information peu rassurante, mais qui montre la nécessité de se faire vacciner, pour maintenir l’immunité à un niveau élevé. Les personnes qui ne sont pas vaccinées sont ainsi exposées à un risque de contamination.

Rappelons que depuis 2015, une centaine de cas ont été recensés dans le monde et qu’avant la vaccination, la maladie touchait plus de 600 000 enfants par an.

Conclusion

Le point commun à toutes ces informations : la vaccination !