Le responsable : le virus Ebola
Comme tous les virus, le virus Ebola est constitué d’un génome (succession de gènes) et d’une capside protéique de…
Le responsable : le virus Ebola
Comme tous les virus, le virus Ebola est constitué d’un génome (succession de gènes) et d’une capside protéique de protection : l’ensemble constitue la nucléocapside. Contrairement aux bactéries, un virus ne peut pas se multiplier d’une manière autonome puisqu’il ne contient aucune structure lui permettant de réaliser ses propres synthèses. Il doit alors pénétrer à l’intérieur d’une cellule vivante afin de détourner son métabolisme à son profit pour la forcer à fabriquer ses différents éléments constitutifs, lesquels, en s’assemblant vont redonner des particules virales. Dans le cas du virus Ebola, en sortant de la cellule infectée, les virus s’entourent d’ éléments de la membrane cellulaire : on dit alors que le virus est « enveloppé ».
Il ressemble à un bâtonnet d’un diamètre de 80 nm et son génome est constitué d’une molécule d’ARN monocaténaire linéaire. Il appartient à la famille des « Filoviradae ».
Historique
Le virus Ebola est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara au Soudan et à Yambuku au Zaïre (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, c’est de là qu’est venu le nom de la maladie. Ces premières épidémies ont fait 150 morts pour 284 cas recensés au Soudan et 280 décès pour 318 cas au Zaïre.
Depuis ces premiers cas, des petites épidémies sont apparues épisodiquement pratiquement tous les ans dans ces mêmes pays puis au Gabon et en Ouganda. Le taux de létalité (proportion de cas fatals chez les malades) varie en fonction des espèces virales (il en existe 5 chez Ebola) mais peut être a très élevé, pouvant atteindre 90 %.
Transmission
Comme nous l’avons vu, un virus ne peut pas se multiplier hors d’un organisme vivant. Il doit donc contaminer des animaux ou même l’homme pour assurer sa survie. En revanche plus il fait mourir son hôte rapidement, ce qui est le cas du virus Ebola, moins il peut se répandre, ce qui peut expliquer que les flambées épidémiques sont généralement de courte durée. Mais le véritable réservoir de ce virus particulier est un hôte qui n’est pas malade lorsqu’il en est atteint : une chauve-souris frugivore. Cet animal transmet le virus à d’autres animaux comme les singes, les antilopes ou les porc-épics avec lesquels l’homme peut se contaminer par contact avec leurs cadavres ou en manipulant les animaux malades. Les transmissions directes chauve-souris/homme sont aussi contaminantes.
Les contaminations interhumaines se produisent alors en entraînant le phénomène épidémique. La transmission se fait par contact direct avec les liquides (sang, sperme, excrétions, salive) et les tissus corporels des malades ou des cadavres. Le virus se trouvant sur des objets peuvent aussi transmettre la maladie lorsqu’ils sont manipulés par d’autres personnes : c’est la transmission indirecte fréquente chez les personnels soignants. Des contaminations aériennes par des aérosols n’ont pas encore été mises en évidence. Les rites funéraires africains consistant à avoir des contacts directs avec les dépouilles par lavage du corps, sont responsables d’un grand nombre de contaminations.
Signes et symptomes
Le temps d’apparition des premiers symptômes varie entre 2 à 21 jours. Lorsque le virus se multiplie dans l’organisme et tant qu’il n’y a pas de signes cliniques, le patient n’est pas contagieux. Une fièvre élevée apparaît brutalement (38,5°C) accompagnée de maux de tête, de douleurs musculaires et d’une faiblesse intense. Dans un deuxième temps, une irritation de la gorge, des éruptions cutanées, des vomissements et des diarrhées apparaissent. Les hémorragies qui accompagnent la maladie peuvent être très réduites (hémorragie conjonctivale) ou très étendues, internes ou externes : la maladie fait partie des « fièvres hémorragiques virales ». La mort intervient par insuffisance rénale et hépatique le plus souvent entre 5 et 7 jours après l’apparition des signes cliniques.
Diagnostic
La maladie doit être distinguée des autres affections sévissant en Afrique et en particulier des autres « fièvres hémorragiques virales ».
La recherche des anticorps présents dans le sérum permet de faire un diagnostic indirect rétrospectif puisque ceux-ci persistent longtemps après la maladie. Au laboratoire on peut isoler le virus sur des cultures cellulaires ou plus simplement utiliser les techniques de biologie moléculaire. Il faut souligner que les prélèvements de liquides biologiques présentent un risque extrême et qu’il est souhaitable d’inactiver le virus par la chaleur avant l’envoi vers un centre de référence. Le virus lui même ne peut être manipulé que dans un environnement de sécurité NSB4 (laboratoire P4).
Le point sur l’épidémie en cours
L’épidémie actuelle a débuté avec la mort d’un petit garçon de 2 ans le 6 décembre 2013 habitant le village de Méliandou, dans la préfecture de Guéckédou, au sud-est de la Guinée. Il est considéré comme étant le patient zéro. Sa mère est décédée une semaine plus tard suivie de sa petite soeur de 3 ans et de sa grand-mère. Les personnes appartenant à la famille et qui ont préparé le corps de la soeur de la grand-mère, elle même décédée, pour les funérailles, pourraient être à l’origine de la propagation de la maladie dans d’autres villages.
Le virus entame sa propagation dans tout le pays par la contamination d’une infirmière, puis d’une sage-femme, et il devient alors incontrôlable. Fin mars, le Liberia et la Sierra Leone voisins sont touchés. Le Nigeria est à son tour atteint en août, lors de la seconde flambée épidémique.
Actuellement, le rapport de l’OMS du 20 août 2014 fait état d’au moins 1 427 morts : 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et 5 au Nigeria, sur un total de
2.615 cas (confirmés, probables ou suspects).
Comme il n’existe pas de traitement curatif efficace, les malades sont isolés afin qu’ils ne transmettent plus la maladie. L’ OMS et l’ ONU pensent qu’il faudra entre 6 et 9 mois pour enrayer l’épidémie.
Les mesures prises dans les aéroports des pays touchés, et en particulier la mesure de la température corporelle ainsi que les mesures d’hygiène des pays développés font qu’il est fort peu probable que la maladie se répande dans les pays développés. Néanmoins, 9 hôpitaux français ont préparé des chambres spécialement équipées pour traiter des malades. Elles ont la particularité d’être en pression négative ce qui fait qu’aucune particule virale ne peut en sortir. A Lyon, c’est l’hôpital de la croix rousse que vient d’en aménager une.
Un missionnaire Miguel Pajares, âgé de 75 ans, est mort début août à l’hôpital La Paz-Carlos III à Madrid après avoir été rapatrié en Europe en provenance du Libéria où il travaillait dans l’hôpital Saint-Joseph de Monrovia et où il avait contracté la maladie. En revanche, 2 missionnaires américains rapatriés débuté août sont sortis guéris après avoir subi un traitement expérimental : le ZMapp. Ce produit, uniquement testé chez l’animal est un antisérum fabriqué par un plant du tabac génétiquement modifié par fusion d’un génome sauvage et des gènes viraux contre lesquels on veut obtenir des anticorps. Il y a très peu de doses disponibles et il est tout à fait exceptionnel qu’un traitement chez l’homme soit entrepris avec uniquement disponibles des données chez l’animal.
Pour être tout à fait complet, on pourra dire qu’un cas de virus Ebola a été détecté en République du Congo le 25 août. Ce nouveau foyer semble ne pas être en relation avec l’épidémie de sévissant en Afrique de l’Ouest.
Ebola : arme NRBCe
Dès 1992, le gourou Aum Shinrikyō de la secte Japonaise connue pour avoir perpétré un attentat NRBCe au gaz sarin dans le métro de Tokyo a tenté de se procurer le virus Ebola au Zaïre lors d’une mission dite « humanitaire ».
En effet, de par sa virulence importante, quelques particules virales suffisent à provoquer la maladie, son taux de létalité important, allant jusqu’à 90 % et l’absence de traitement de la maladie, le virus Ebola se positionne comme l’un des agents majeurs constituant des armes biologiques des agents NRBCe. Chacun imagine une pandémie (épidémie à l’échelle mondiale) se propageant par les moyens de transport et provoquant un désastre mondial.
Actuellement, les réseaux scientifiques s’alarment de la situation. Est-ce bien sérieux de croire le FMBA de Russie (Federal Department on Medical, Biological and Extreme Problems) par la voix du Pr. Nikiforov qui affirme que la propagation actuelle du virus Ebola pourrait être causée par une intervention artificielle humaine !
Le virus pourrait être diffusé sous forme d’un aérosol. Personne ne maîtrise les organisations ou états peu sûrs, capables de produire des armes au sein de petits laboratoires échappant à tout contrôle.
Comme pour étayer cette théorie, le Dr. Peter Walch de l’Université de Cambridge imagine une bombe bourrée de poudre contenant des virus et explosant dans un endroit très fréquenté par le public. Il ajoute néanmoins qu’il y a très peu de laboratoire en possession du virus et que ces derniers sont très protégés. En France, par exemple, toute autorisation de recherche sur Ebola est délivrée par l’ANSM-PS (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) après examen du casier judiciaire.
Difficile d’imaginer se procurer une souche épidémique dans un pays africain, la ramener au laboratoire, la faire se multiplier sur des cultures cellulaires, la mélanger à un aérosol pour utilisation…On est encore loin de fabriquer une bombe NRBCe contenant Ebola !