Les TIC’s sont les Toxiques Industriels Chimiques et ils se présentent généralement sous forme de liquides associés à des tensions de vapeurs saturantes plus ou moins importantes ou de gaz.
Ils s’apparentent aux agents chimiques de guerre. La « polycombi » est un EPI du type « filtrant » présentant une excellente protection contre les agents chimiques de guerre (HD, GD…). Nous l’avons testée pour ses capacités à protéger contre des TIC’s comme l’acide fluorhydrique et le chlore et à résister à une projection liquide d’acide concentré, produit parfois utilisé intentionnellement dans les manifestations contre les forces de l’ordre.
L’industrie chimique utilise des produits hautement toxiques lesquels, lorsqu’ils sont libérés, généralement accidentellement, peuvent représenter une menace sérieuse pour le personnel qui se trouve sur place, puis pour les primo-intervenants. Après avoir défini les principaux TICs, nous verrons comment s’en protéger.
Les TICs
Vingt et un produits chimiques ont été identifiés par l’OTAN et retenus par la France dans le cadre des toxiques chimiques industriels H. Delacour et al.
Ce sont, par exemple, le chlore (utilisé dans l’industrie chimique et la papeterie), l’ammoniac (pour la fabrication des engrais et de carburants), le disulfure de carbone (utilisé comme solvant), l’acide cyanhydrique (dans la fabrication des pesticides), l’acide nitrique et l’acide sulfurique (pour les engrais), le formaldéhyde (produit intermédiaire de l’industrie plastique). Ils sont généralement moins toxiques que les produits chimiques de guerre, plus volatils et moins persistants.
Le danger
Au niveau industriel, ces produits sont détenus en très grande quantité au niveau des sites de production et d’utilisation. Ils peuvent être transportés par voie ferrée, routière ou maritime ce qui représente un risque supplémentaire. Un accident, un acte de sabotage ou de terrorisme n’est jamais à exclure et les conséquences sur l’homme et/ou son environnement peuvent être se révéler catastrophiques (Bhopal).
La protection
Les EPI sont des éléments indispensables à ceux qui manipulent des produits dangereux au sein des entreprises de la chimie.
On considère généralement qu’il y a 3 priorités dans la protection contre les TIC’s : la protection respiratoire au moyen d’ARI et de cartouches filtrantes, la protection des extrémités par le port de surbottes et de gants, et la protection de la peau, contre les gaz et les liquides.
Dans cet article nous nous intéresserons uniquement à la protection de la peau au moyen de la polycombi.
La polycombi
Nous avons testé les capacités de la polycombi à protéger l’individu contre deux TIC’s importants que sont le chlore (Cl2) et l’acide fluorhydrique (HF).
Le Chlore
Largement utilisé dans l’industrie chimique et papetière, il se présente sous la forme d’un gaz verdâtre, plus lourd que l’air. Son odeur est suffocante. On le trouve aussi dans l’industrie de la désinfection. Il irrite les muqueuses respiratoires et oculaires avec un risque d’œdème aigu du poumon et des brûlures de la peau et de la cornée. C’est aussi un agent chimique de guerre, utilisé à plusieurs reprises pendant la première guerre mondiale et dans les conflits actuels en Syrie et en Irak
L’acide fluorhydrique
Il est utilisé dans l’industrie minérale, métallurgique et chimique. Céramique, verrerie, cristallerie et métallurgie utilisent largement ce produit. C’est un liquide volatile très irritant et fumant à l’air. Il irrite intensément les muqueuses respiratoire et oculaire et provoque des lésions caustiques sur la peau.
Les tests
Un échantillon de textile est placé dans une cellule, une dose de gaz est appliquée en amont et un flux gazeux est appliqué. Le passage de la substance est mesuré par son dosage de l’autre côté du textile. L’expérimentation dure 6 heures.
Le chlore
Le cellule mesure 12,56 cm2, le RH et la température sont maitrisés et controlés. Le flux d’air à travers le textile simule une vitesse du vent de 1 m/s. Pour une concentration de chlore au départ de 4 000 mg.min/m3 les 3 essais ont montré un passage de l’autre côté du textile inférieure à 205 mg.min/m3 après 6 heures. Dans ces conditions, la dose pénétrante n’est donc que de 5 % de celle mise au départ. Cette expérience montre l’efficacité de la protection de la polycombi contre le chlore gazeux.
L’acide fluorhydrique
Dans des conditions identiques, l’acide fluorhydrique appliqué à une dose de 4 000 mg.min/m3 pendant 6 heures est dosé à une quantité inférieure à la limite de détection ce qui correspond à une dose inférieure à 30 mg.min/m3. Il passe donc moins de 0,7 % de HF au bout de 6 heures dans ces conditions expérimentale. La protection est là aussi très importante.
Test de résistance à la projection d’acide concentré
Test à la gouttière
De l’acide chlorhydrique concentré à 37% est délivré par l’intermédiaire d’une gouttière inclinée à 45°. Un volume de 10 mL ruisselle sur une éprouvette de textile de la polycombi et sur un matériau de référence polyamide hydro/oléo. Après 60 secondes, le textile de la polycombi ne présente ni dégradation ni absorption (première figure). En revanche, le textile de référence est détruit dans la zone de coulée de l’acide (deuxième figure). Ceci indique clairement que la polycombi protège efficacement des projections liquides d’acides concentrés.
Test de résistance à un contact prolongé avec l’acide
Des échantillons de textile sont déposés dans 20 mL d’acide concentré à 37%. Après 15 min le textile témoin est complètement détruit alors que le textile de la polycombi est intact montrant qu’elle résiste à un contact prolongé avec l’acide concentré.
Les photos ont été prises à T0, T1.5 min, T5min et T15 min. En haut le textile témoin et en bas celui de la polycombi
Résistance à la pénétration par vaporisation de liquide
Méthodes d’essai pour les vêtements fournissant une protection contre les produits chimiques — Partie 4 : Détermination de la résistance à la pénétration par vaporisation de liquide (essai au brouillard).
Méthode B : essai au brouillard d’intensité élevée. L’essai au brouillard de niveau élevé s’applique aux vêtements munis de coutures étanches au brouillard entre les différentes parties du vêtement et, le cas échéant, entre le vêtement et les autres équipements de protection individuelle, qui couvrent l’intégralité du corps et prévus pour être portés dans des conditions qui présentent un risque d’exposition à des particules de liquide pulvérisées.
Un individu revêtu de la polycombi effectue des mouvements sous un spray d’eau colorée au bleu de méthylène. A la fin de l’expérience, il se dévêt et on constate que le sous-vêtement blanc ne comporte aucune tache colorée de bleu de méthylène. Dans ces conditions d’expérience, la polycombi résiste à la pénétration par vaporisation de liquide (essai au brouillard d’intensité élevé).
L’essai peut être visualisé sur la vidéo suivante