La contamination des filovirus, et en particulier du virus Ebola, commence à être relativement bien connue. Néanmoins, il subsiste toujours un doute sur une éventuelle transmission aérienne du virus : l’article intitulé « Aerosol transmission of filovirus » apporte quelques données supplémentaires permettant de mieux comprendre ces voies de transmission.
Un article « Review » paru dans « Viruses » fait le point sur la transmission aérienne des filovirus.
Les modes de contamination connus.
Les recherches concernant les filovirus datent maintenant d’une quarantaine d’années. Cependant les réservoirs et les voies de transmission ne sont pas encore connues dans leur intégralité. Pourtant, l’identification des réservoirs animaux pouvant répliquer le virus et le transmettre à d’autres animaux et/ou l’homme reste un point critique pour mettre en œuvre les mesures de prévention nécessaires pour limiter l’expansion de la maladie.
Dans un précédant article, nous avons détaillé les principaux phénomènes épidémiques à Ebola
Ebola : le point sur l’épidémie actuelle et sur une éventuelle arme NRBCe
Nous savons que les virus passent des animaux sauvages à l’homme par contact avec les chauves souris frugivores représentant le réservoir ou des animaux intermédiaires jouant le rôle d’amplificateur comme les singes, antilopes, porc-épic et autres porcs eux-mêmes contaminés par la salive ou les fèces des chauves-souris.
Les contaminations interhumaines se produisent par contact direct avec les liquides corporels des malades ou des cadavres (importance des rites funéraires). Des transmissions indirectes par l’intermédiaire d’objets contaminés sont aussi possibles.
La transmission aérienne
Ce mode de contamination reste encore controversé.
Il faut distinguer 2 types de transmissions aériennes dont les définitions strictes sont données précisément par le HICPAC (Healthcare Infection Control Pratices Advisory Committee)
La transmission par des gouttelettes d’aérosol : transmission par contact direct des gouttelettes contaminées de l’appareil respiratoire d’un individu malade directement sur les muqueuses d’un individu sain. La distance parcourue par l’aérosol est faible, et ceci implique une protection faciale. La taille des gouttes est généralement supérieure à 5 micromètres.
La transmission aérienne : résulte de l’inhalation de particules respirables qui restent infectieuses pendant un temps suffisamment long pour être transportées sur de grandes distances par l’air. De taille inférieure à 5 micromètres elle peuvent résulter de gouttelettes partiellement évaporées.
L’article fait le point sur les études relatives aux aérosols pouvant contenir des filovirus. On n’y apprend par exemple que les aérosols artificiels peuvent contenir des virus vivants pendant plus d’une heure dans les conditions climatiques africaines
La toux, les éternuements et le simple fait de parler peuvent produire des aérosols.
En fait la contamination aérienne n’a été prouvée que dans un cas, celui du porc !
La conclusion de cet article montre que la muqueuse respiratoire du porc est capable de multiplier le virus, surtout si l’animal a été contaminé par voie aérienne et que, il peut répandre autour de lui de grandes quantités de virus dans l’environnement. Ceci implique que les vétérinaires et autres éleveurs de porc doivent protéger leurs voies respiratoires et leurs yeux et porter des EPI. Ils doivent aussi apprendre à les enlever correctement et les désinfecter efficacement pour éviter les contaminations secondaires et/ou croisées. N’oublions pas que le porc est l’une des principales sources de protéines en Afrique.
Une surveillance des élevages de porcs est indispensable et tout contact avec les autres animaux sauvages est à proscrire.
On pourra se procurer l’article sur le lien suivant :
Aerosol transmission of Filoviruses, Mekibib, KK Ariën, Viruses, 2016,8, 148 ;doi:10.3390/v8050148