De quoi est-il question ?
Le 25 décembre 1914, une scène pour le moins inattendue se déroule sur le front : des soldats des deux camps cessent le feu et célèbrent Noël ensemble !
Après quatre mois de combat, dans le froid et la boue des tranchées, les soldats sont épuisés et le moral est au plus bas sur les lignes du front belge. Que se passe-t-il alors ?
La faible largeur du no man’s land, dans ce secteur du front – quelques dizaines de mètres –, provoque une étrange proximité entre les ennemis : on ne se voit pas, mais on s’entend et l’on sent même parfois l’odeur des cuisines…
Les conditions très rudes (froid, pluie, tranchées rudimentaires…) auxquelles les combattants sont exposés en ce premier hiver de guerre provoque chez les hommes un sentiment de respect mutuel.
En plusieurs points du front, au niveau des premières lignes, les Allemands disposent des sapins de Noël, avec des bougies et des lanternes en papier. On peut alors voir des soldats, britanniques et allemands, sortir de leurs tranchées et fraterniser.
Question de sémantique
Fraterniser : « Manifester des sentiments mutuels de sympathie, d’amitié ; en parlant de soldats dans une guerre, faire cause commune avec des soldats ennemis, des hommes du camp adverse : sympathiser avec eux, s’unir fraternellement à eux. ». Actuellement, on a tendance à considérer qu’une fraternisation vraie ne s’opère que dans le cas ou cessent les hostilités à la suite d’un renversement des convictions de l’un des deux camps ou de l’accord sur un but commun. Dans le cas des soldats de la première guerre, on parlera plutôt d’une « trêve », c’est à dire d’un « cessez le feu » non officiel, sans conviction commune que le combat doit s’arrêter à la suite d’un accord sur un but commun rendant les combats injustifiés. C’est la trêve de Noël.
Que s’est-il passé dans la réalité ?
Les hommes se sont serré la main, ont bu et ont chanté ensemble des chants de Noël. Ils ont échangé du tabac et autres petits objets en guise de cadeaux. Dans d’autres endroits, les hommes ont profité de cette trêve pour récupérer leurs camarades morts sur le no man’s land et les inhumer et parfois, les 2 camps ont enterré leurs morts simultanément. Des parties de football improvisées entre britanniques et allemands, en pleine zone de combats ont même eu lieu.
Du côté des Français, les actes de fraternisation ont été moins nombreux, mais ont existé, comme dans la Somme avec la 28e division d’infanterie, la 70e division d’infanterie dans l’Artois ou encore la 5e division d’infanterie dans la région de Reims.
Dans la plupart des cas, ces trêves de Noël ont été de courte durée. Les états-majors étaient bien conscients de cette situation, qui pouvait provoquer une « léthargie » des combattants et compromettre ainsi le déclenchement de futures offensives. Certains ont même craint que des actions ne se concrétisent en opérations pacifiques.
Conclusion
Cela fait déjà 2 longues années que l’épidémie de Covid-19 fait souffrir les peuples.
Des tensions sont toujours fortes entre les différents pays, des armées sont déployées aux frontières, des missiles sont constamment pointés vers des cibles réelles, des sous-marins surveillent activement les eaux profondes, des murs sont élevés pour empêcher des hommes de passer…
Plus près de nous, des sapeurs-pompiers sont agressés dans l’exercice de leur métier, des forces de l’ordre voient leur autorité contestée, les personnels soignants sont à bout de force dans leur lutte contre le coronavirus, des soldats sont en opération extérieure loin de leurs familles…
Puissions-nous conserver « l’esprit de Noël » ce délicieux mélange de patience, de joie, de magie, de bienveillance, de générosité et d’écoute de l’autre.
Un joyeux Noël à toutes et à tous !
Image mise en avant : Militaires britanniques et allemands réunis au milieu du no man’s land pendant la trêve.This work created by the United Kingdom Government is in the public domain.