Les agents NAN sont extrêmement toxiques et nécessitent une protection adéquate pour s’en protéger. Il est conseillé de porter un EPI filtrant de catégorie III, des gants et surbottes en butyle et un masque de protection associé à une cartouche filtrante adéquate.
NAN : de quoi s’agit-il ?
Les premiers agents neurotoxiques organophosphorés ont été développés dans les années 1930 suite aux travaux conduits par Schrader au profit de l’armée allemande. Ce sont notamment le tabun, le sarin, le soman … Ils ont été désignés agents de type G (G pour German). Dans les années 1950, les agents dits de type V (V pour Venomous) ont été initialement synthétisés par des chimistes anglais, puis des produits homologues ont été conçus par différents pays (VX, VR, CVX…). Dans les années 1970, dans le cadre d’un programme secret, des agents dits de type A ont été conçus par les soviétiques (A-230, A-232, …), dont certains agents qualifiés de Novichoks. A partir des années 1990, suite à l’effondrement du bloc soviétique, des données de ce programme sont peu à peu apparues dans le domaine public. En 2018, l’identification du produit A-234 utilisé dans la tentative d’empoisonnement de Serguei SKRIPAL, ex- agent russe, des investigations de l’OIAC conduisent certains Etats à proposer l’introduction de « nouveaux agents neurotoxiques » dans le tableau 1 des agents couverts par la convention sur l’interdiction des armes chimiques : ce sont d’une part, un composé spécifique et 2 familles de composés organophosphorés, d’autre part, une famille de carbamates dont l’usage potentiel comme agents chimiques de guerre avait déjà été évoqué.
NB : certains agents de type A n’ont pas (encore) été intégrés au tableau 1 (ex : A-262 ou l’un de ses homologues, probablement utilisé dans l’empoisonnement de Alexeï Navalny en août 2020).
Caractéristiques des NAN
Les NAN englobent des centaines de produits distincts.
Les données publiques sur les NAN sont encore très peu nombreuses. Des études sont en cours dans différents pays pour mieux les caractériser.
Certains des composés organophosphorés de type A ont été décrits comme de toxicité potentiellement supérieure ou égale au VX.
Ce sont des agents considérés comme relativement persistants, peu volatils et stables. Ils sont donc contaminants et susceptibles d’être transférés facilement d’une surface contaminée à une surface propre. De façon similaire au VX, ils sont a priori rapidement absorbés dans la peau où ils peuvent s’accumuler et être lentement absorbés dans la circulation sanguine. En cas d’intoxication, les traitements à mettre en œuvre peuvent donc être longs (plusieurs jours voire semaines) avant de parvenir à leur neutralisation et leur élimination complète.
Les agents A-230, A-232, A-234 sont des liquides à température ambiante (15-20°C), alors que les agents A-242 et A-262 seraient des solides.
Ils sont relativement solubles et stables dans l’eau, les solvants et dans l’huile.
Quels Equipements de Protection Individuelle face aux NAN ?
Selon les recommandations américaines (guide de janvier 2019 sur les nouveaux agents neurotoxiques organophosphorés), les exigences en matière d’EPI sont similaires à celles préconisées en cas de risque d’exposition au VX (agent persistant, très peu volatil, stable, relativement soluble dans l’eau).
Le risque d’exposition est donc essentiellement par contact avec une surface contaminée, par ingestion d’un liquide ou d’un solide (par exemple, une poudre telle que la terre à foulon) contaminé, par inhalation d’un aérosol (liquide ou solide).
Quelle tenue de protection ?
Des facteurs de protection élevés obtenus lors d’essais sur agents VX, permettent de valider la protection d’une tenue contre les NAN de par les similitudes de propriétés chimiques entre ces catégories d’agents. Le guide NAN, Guide de bonnes pratiques en présence de NAN, SGDSN, 06-12-2021, évalue entre autres la POLYCOMBI®. La tenue POLYCOMBI® est moins perméable aux NAN que certaines tenues non filtrantes de type 3. Elle protège l’intervenant pendant au moins 4h après une contamination, comme indiqué dans le tableau ci-dessous issu du guide SGDSN :
Ces premiers résultats d’essais sur NAN permettent de valider la performance de la technologie microbille de charbon actif utilisée dans certaines gammes d’EPI.
Quelles protections aux extrémités ?
La caractéristique de transfert de contamination d’une surface à une autre ayant été présentée, la protection des extrémités est donc un point d’attention important dans la protection corporelle. Le guide du SGDSN préconise par exemple une protection des mains avec des gants en butyle. Ainsi, un système de protection avec des gants et surbottes en butyle, présentant de bons résultats sur essais VX (protection de 24h selon les standards OTAN), est une solution à retenir pour la protection corporelle face aux NAN.
Les équipements correspondants développés par OUVRY sont les surbottes NRBC OBOOTS ® ainsi que les gants OG05®. En effet, des essais VX démontrent une non-perméation de ce type de protection.
Quelle protection des voies respiratoires et du visage ?
La protection des voies respiratoires est associée à un ensemble masque à gaz NRBC accompagnée de la cartouche de protection adéquate. L’interface entre le masque et la tenue est une zone préférentielle de pénétration des NAN.
Le masque à gaz NRBC doit donc être adaptable à un large type de tenue de protection. Les développements spécifiques de la société OUVRY permettent de valider cette protection sur zone d’interface entre le masque OC50® ainsi qu’une large gamme de tenue, dont la POLYCOMBI® par exemple.
Une cartouche de protection respiratoire adéquate doit absolument être associée au masque (exemple : CFO CBR®).
Bibliographie
- Opravil et al. (2023) Arch Toxicol, 97 : 2587-2607. A-agents, misleading known as « Novichoks » : a narrative review
- Pampalakis & Kostoudi (2023) Int J Mol Sci, 24, 8600. Chemical , physical, and toxiclogical properties of V-agents
- Fouth generation agents, reference guide (Information of January 18, 2019), USA
- OPCW, S/1621/2018, 2 May 2018. Note by the Director-General : request for information from states parties on new types of nerve agents