De quoi est-il question ?
Le salon Secours Expo a été créé en 2015. Cet événement, placé sous le haut patronage du Président de la République, accueille chaque année environ 10 000 visiteurs qui viennent rendre visite aux 150 exposants. Ce salon consacré aux secours, aux soins d’urgence et la prévention des risques professionnels n’a accueilli cette année que 2 200 personnes pour une soixantaine d’exposants, crise sanitaire oblige.
Comme chaque année, 3 trophées de l’innovation ont été décernés : le fabricant Tanit Evolution a été récompensé pour le système Air’Protec®, dispositif de protection mobile destiné à isoler la sphère ORL d’un patient suspecté d’être contaminé par la Covid-19 ou toute autre infection respiratoire (tuberculose par exemple).
Pourquoi un tel dispositif ?
Les maladies respiratoires comme celles à Coronavirus (SARS-Cov, MERS-Cov, SARS-Cov-2) ou la tuberculose, la grippe, voire le méningocoque, se transmettent par voie aérienne uniquement. Les microgouttelettes et les aérosols sont émis par les voies respiratoires et contaminent les personnes saines qui sont à proximité pour les gouttelettes ou plus éloignées pour les aérosols. C’est pourquoi, le port du masque reste un geste barrière indispensable pour enrayer la transmission de telles infections.
En revanche, un patient contaminé nécessitant des soins et un transport préalable (terrestre, maritime ou aéroporté) représente une source de contamination importante pour le personnel soignant, même s’il est équipé des EPI réglementaires. Isoler le patient dans un système complet comme une tente n’est pas nécessaire puisque la contamination ne se fait que par la sphère ORL.
Une solution : AIR’Protec®
– Le principe
La société Tanit Évolution en collaboration avec le CHU de Grenoble-Alpes vient de mettre au point un dispositif de protection mobile qui isole la sphère ORL des patients suspectés d’être contaminés. Le dispositif ressemble à un casque de scaphandrier mais il est très léger, complètement transparent et ne provoque pas de sentiment de claustrophobie. Cette bulle d’isolement mobile englobe la tête du patient en se fixant autour des épaules/aisselles puis autour du thorax. Un système d’aspiration mobile (ou vide central selon les dispositions) connecté à un filtre standard de respirateur de réanimation, aspire le flux d’air expiré du patient et renouvelle l’air à l’intérieur de la bulle.
– Avantages
Dans ces conditions, l’air est continuellement renouvelé dans la bulle, l’air expiré est filtré et rejeté dans le milieu extérieur et il n’y a pas de buée sur le dispositif. La bulle peut s’enlever très aisément pour permettre l’administration de traitements tels que de l’oxygène, des nébulisations, dispenser des gestes de ventilation…). Dans ces conditions, le système garantit la prise en charge du patient sans rupture d’isolement du lieu de sa prise en charge jusqu’à la destination finale puisqu’il est entièrement autonome et fonctionne quel que soit l’environnement du patient.
– Tests d’efficacité
1- mesure des particules émises au cours d’un traitement par nébulisation.
Un test a été effectué au cours d’une simulation représentant un risque de contamination extrême : un nébuliseur conventionnel ouvert a été utilisé comme générateur de particules. Le nébuliseur de type Cirrus 2 (Intersurgical©, France) était propulsé par de l’oxygène à 9L/min.
Le comptage des particules était effectué à l’aide d’un compteur laser industriel utilisé habituellement en salle blanche, avec une sensibilité de détection des particules de 0,3 à 25,0 µm (Lasair III, Particle Measuring Systems©, CO, USA).
Sans la bulle, dans une salle d’examen des urgences avec renouvellement d’air de la pièce de 3 à 4 fois le volume par heure, ont été notées des augmentations du nombre de particules (≤ 5µm) de :
° +2025 % par rapport à T0 (IC 95% +993% ; +3950%) à 1 m du patient
° +385 % par rapport à T0 (IC 95% +320 % ; +450%) à 1 mètres du patient 15 minutes après la fin de la nébulisation.
Dans les mêmes conditions avec la bulle, aucune augmentation des particules (≤ 5µm) n’a été observée lors de la mise en œuvre du système, et cela pendant toute la durée de la nébulisation.
Lorsque l’on stoppe l’aspiration, une augmentation des particules est détectée dans l’environnement proche. Cette augmentation est davantage marquée lorsque l’on ouvre la bulle.
Les mêmes résultats ont été obtenus avec le système mobile d’aspiration et le vide d’air hospitalier.
On constate que le niveau de particules reste très bas tant que la bulle est fermée et la ventilation en route. L’arrêt de la ventilation provoque une augmentation relative des particules dans l’air puis, à l’ouverture de la bulle le taux de particules devient très élevé ces dernières s’étant accumulées sous la bulle non ventilée.
Notons que les conditions expérimentales pour tester un tel système étaient relativement sévères.
Une étude clinique dirigée par les urgences du CHU de Grenoble et le SAMU de l’Isère est en cours dans l’objectif de confirmer l’utilité du dispositif.
2- Comparaison avec d’autres systèmes
Le schéma suivant compare les principales caractéristiques des différents systèmes d’isolement actuels : un masque filtrant, la bulle, un brancard bulle et une chambre à pression négative ;
Conclusion
Les résultats expérimentaux préliminaires concernant ce système sont tout à fait encourageants dans l’attente de l’étude clinique.
Pour plus de renseignements on pourra aller sur le site de l’entreprise ou sur le site d’Ouvry.