Comment s’en protéger ?
Origine de l’Iode-131
Les centrales nucléaires fonctionnent sur le principe de la fission nucléaire, c’est-à-dire le processus par lequel des noyaux d’atomes lourds (Uranium-235 ou Plutonium-239) sont scindés en noyaux plus petits lorsqu’ils sont bombardés par des neutrons. Cette réaction libère une grande quantité d’énergie et aussi divers éléments radioactifs, appelés produits de fission, comme le Césium-137, le Strontium-90 ou l’Iode-131.
En cas d’incident sur une centrale nucléaire de production d’électricité, la libération de l’iode-131 dans l’atmosphère peut avoir des conséquences directes sur la santé humaine des personnes exposées. En effet, ce radioélément, s’il est inhalé ou ingéré a la particularité de se fixer sur la thyroïde, engendrant un risque accru de cancer de cette glande hormonale.
Caractéristique de l’Iode-131
L’Iode 131 est un radionucléide artificiel, émetteur d’électrons bêta négatif (β-) dont la période radioactive ou demi-vie est de 8 jours, c’est-à-dire qu’il perd la moitié de son activité tous les 8 jours.
Les principales formes d’iode radioactif présentes dans un rejet d’effluents radioactifs provenant d’un réacteur nucléaire sont[1] :
- l’iode moléculaire (I2) présent sous forme gazeuse ;
- l’iode organique, dont une forme courante est l’iodure de méthyle (ICH3), présent sous forme gazeuse ;
- l’iode particulaire (aérosols) dont le diamètre des particules est variable (avec possibilité d’agrégation).
Voies de contamination
L’iode radioactif qui serait rejeté après un incident sur une centrale nucléaire est libéré dans l’atmosphère soit sous forme gazeuse soit sous forme d’aérosol.
Dans le cas de l’inhalation d’air contaminé, c’est majoritairement l’iode gazeux qui passe dans le sang pour se concentrer dans la thyroïde.
L’iode rejeté contamine également l’environnement, en s’incorporant aux végétaux et passe ensuite dans les productions animales. L’iode radioactif ingéré par des denrées contaminées, comme le lait, se concentre également dans la thyroïde.
Moyen de prévention : l’iodure de potassium
L’iodure de potassium est un composé qui contient du potassium et de l’iode stable (non radioactif). L’absorption préventive d’iodure de potassium sature la glande thyroïde en Iode et la protège ainsi d’une potentielle exposition à l’Iode radioactif 131 en cas d’incident nucléaire. En empêchant la fixation de l’I-131, l’iodure de potassium réduit le risque de cancers de la thyroïde.
Nota : L’iodure de potassium ne protège pas contre les effets des radiations autres produits de fission libérés dans l’atmosphère (expl : Césium 137). L’iodure de potassium doit être utilisé comme complément à l’évacuation, à la mise à l’abri et aux contrôles des denrées alimentaires.
Quand faut-il prendre de l’iodure de potassium ?
Une personne devrait prendre de l’iodure de potassium lorsqu’il y a une forte probabilité d’exposition à une quantité importante d’iode 131. Il doit être pris avant ou peu de temps après l’exposition à l’iode 131 pour être efficace – de manière optimale avant ou immédiatement coïncidente avec passage du nuage radioactif. Il peut encore avoir un effet protecteur substantiel même s’il est pris trois à quatre heures après l’exposition.
Pour savoir quand commencer à prendre de l’iodure de potassium, suivez les directives des autorités sanitaires. Dans le même temps, prenez les mesures préventives de mise à l’abri et assurer l’accès à de la nourriture et à de l’eau non contaminés.
Qui devrait prendre de l’iodure de potassium ?
Les adultes de moins de 40 ans, les enfants et les femmes enceintes et allaitantes doivent prendre de l’iodure de potassium.
Les adultes de plus de 40 ans ne devraient pas prendre d’iodure de potassium, sauf si les autorités sanitaires locales le disent, par exemple parce qu’un très haut degré de contamination par l’iode 131 est attendu. Les adultes de plus de 40 ans présentent un faible risque de développer un cancer de la thyroïde après une exposition à I-131, et ils ont plus de chances d’avoir des réactions allergiques à l’iodure de potassium.
Les femmes qui allaitent devraient arrêter d’allaiter parce que l’I-131 pénètre rapidement dans le lait maternel ; Cependant, si le lait maternel est le seul aliment disponible, l’allaitement doit continuer.
Posologie usuelle des comprimés d’iodure de potassium[2] :
Les comprimés d’iodure de potassium distribués par le gouvernement en cas d’irradiation sont dosés à 65mg ou 130mg. Les posologies (par jour) usuellement recommandées sont les suivantes :
- Dose d’iodure de potassium pour un nourrisson (0-1 mois, allaité ou pas) : 16mg soit ¼ de comprimé 65mg.
- Dose d’iodure de potassium pour un enfant de 1 mois à 3 ans : 32mg soit ½ comprimé 65mg.
- Dose d’iodure de potassium pour un enfant/adolescent de 3 à 12 ans : 65mg soit un comprimé 65mg.
- Dose d’iodure de potassium pour un adolescent à partir de 12 ans ou pour un adulte (femmes allaitant comprises) : 130mg soit 2 comprimés 65mg.
Combien de temps faut-il prendre l’iodure de potassium ?
L’iodure de potassium doit être pris tant que l’exposition à l’iode 131 persiste. Suivez les conseils de l’autorité sanitaire locale.
Mesure de protection complémentaire à l’iodure de potassium
La cartouche filtrante CFO CBR[3] (large ABEK2 Hg SX P3 REACTOR NBC – Réf. OUVRY : 111001AA) utilisée avec un masque complet offre une protection fiable, à large spectre intégrant une filtration des particules radioactives ainsi que des vapeurs d’iode radioactif.
Cas particulier de la centrale nucléaire de Zaporijia
La centrale nucléaire de Zaporijia se trouve en Ukraine, dans l’oblast de Zaporijia, sur le territoire de la ville d’Enerhodar, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Zaporijia. Elle comprend six réacteurs nucléaires VVER de 1 000 MW chacun et se situe à proximité de la ligne de front entre forces russes et ukrainienne. Les combats et bombardements en cours font craindre une menace constante pour la sûreté et la sécurité nucléaires de l’installation et qui pourrait être une arme CBRNe par destination.
Mais qu’en est-il du risque lié à l’Iode 131 ?
Pour évaluer le risque lié au potentiel rejet d’iode radioactif de l’installation de Zaporija, il faut avoir fait une étude plus fine de l’état de fonctionnement des réacteurs. Quand tous les réacteurs sont en arrêt à froid (cas du 13 avril 2024, annoncé par l’AIEA[4]), la quantité d’iode radioactif décroit rapidement compte tenu de la demi vie de 8 jours de l’iode radioactif. Ainsi on considère qu’au bout de 80 jours il reste une quantité négligeable d’iode radioactif et qu’il n’est pas nécessaire de prendre d’iodure de potassium en cas d’incident radiologique[5].
Références :
[1] https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/larecherche/publications-documentation/fiches-radionucleides/I131SAN.pdf
[2] https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/iodure-de-potassium-pharmacie-centrale-des-armees-40231.html
[3] https://ouvry.com/en/produit/abek2-p3-cbn-broad-spectrum-military-civil/
[4] https://www.iaea.org/newscenter/pressreleases/update-223-iaea-director-general-statement-on-situation-in-ukraine
[5] https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/sante/ce-quil-faut-savoir-sur-comprimes-diode-stable