La reconstruction d’une région dévastée par un conflit armé est un défi complexe, non seulement en termes de restauration des infrastructures et des services essentiels, mais aussi en termes de garantie de la sécurité et de la santé des travailleurs chargés de cette tâche ardue.
L’amiante est souvent présente dans les structures des bâtiments et peut devenir un risque (sanitaire) grave à long terme lorsque les bâtiments sont (partiellement) détruits par des armes ou des catastrophes naturelles. Il est primordial que tout travailleur et responsable opérant dans de tels contextes (par exemple, pour des activités de récupération et de réhabilitation) soit conscient des risques posés par la présence potentielle d’amiante.
L’amiante a été utilisé dans des milliers de produits de construction, notamment des matériaux d’isolation, des revêtements de sol, des toitures et des conduits de ventilation. Bien que ses dangers soient désormais bien connus, des millions de bâtiments construits entre les années 1950 et 1980 contiennent encore de l’amiante. Lorsque ces bâtiments sont endommagés, comme c’est le cas après un conflit armé, des fibres d’amiante peuvent être libérées dans l’air et inhalées par les travailleurs chargés de la reconstruction. L’exposition à ces fibres peut provoquer des maladies graves, telles que l’amiantose, le cancer du poumon et le mésothéliome, une forme rare et agressive de cancer, parfois des décennies après l’exposition.
Dans les zones de guerre, comme à Gaza, cette menace est encore plus aiguë. Outre les matériaux de construction existants, les débris laissés par les bombardements, la destruction et la démolition des bâtiments peuvent contenir de l’amiante, ce qui représente un véritable danger pour les travailleurs de la reconstruction.
L’amiante, c’est quoi ?
Il existe deux types d’amiante :
- l’amiante friable qui, une fois sec, peut être émietté, pulvérisé ou réduit en poudre à la main.
- l’amiante non friable qui, une fois sec, ne peut pas être émietté, pulvérisé ou réduit en poudre par pression manuelle. Il est mélangé à du ciment ou à d’autres liants et est également connu sous le nom d’amiante lié.
L’amiante non friable peut devenir friable s’il est endommagé ou vieux.
Si les matériaux contenant de l’amiante sont en bon état, ils présentent peu de risques pour la santé. Cependant, lorsque les produits contenant de l’amiante sont perturbés par des activités telles que la découpe, le perçage, le décapage au jet d’eau ou autres, de petites fibres peuvent être libérées dans l’air. Ces fibres sont nocives si elles sont inhalées et peuvent entraîner des maladies liées à l’amiante telles que l’amiantose, le cancer du poumon ou le mésothéliome. Les maladies liées à l’amiante peuvent être évitées en suivant des pratiques sûres lors de travaux avec de l’amiante.

Tuyau contenant de l’amiante isolant
Bild der Rohrleitung, die Asbestos-Isolierung enthält Stockfoto 2200176187 | Shutterstock

Toiture couverte de matériaux avec des fibres d’amiante
Detaillierte Fotografie von Dachdeckungsmaterial mit Asbestfasern. Stockfoto 1054414061 | Shutterstock
Le cas de Gaza : Un site de reconstruction à haut risque
La bande de Gaza, après plusieurs vagues de conflit, est un exemple typique des défis de la reconstruction post-conflit. Les infrastructures déjà fragiles ont été complètement dévastées par le récent conflit, laissant derrière elles des milliers de bâtiments et de routes endommagés et des services publics hors service. Dans un tel contexte de guerre, la priorité est souvent donnée à une reconstruction rapide, sans tenir suffisamment compte des risques pour la santé, notamment de la présence de matériaux contenant de l’amiante dans les débris.
Les travailleurs de la reconstruction, dont beaucoup ne sont ni formés ni équipés pour manipuler des matières dangereuses, sont ainsi exposés à un risque accru d’inhalation de fibres d’amiante. Le manque de ressources et d’infrastructures sanitaires dans la région aggrave encore cette situation, car il devient difficile de mettre en place des mesures de protection efficaces.
Risques pour les travailleurs : une exposition silencieuse
Les travailleurs de la reconstruction, en particulier ceux qui participent à la démolition ou à la rénovation de bâtiments endommagés, sont les plus exposés à l’amiante. Cette exposition se produit souvent sans que les travailleurs soient conscients du danger. Contrairement à d’autres risques immédiats, tels que les blessures physiques ou les accidents du travail, les effets de l’amiante ne sont pas visibles à court terme. Les maladies liées à l’amiante peuvent mettre plusieurs années, voire des décennies, à se développer, ce qui les rend difficiles à identifier et à prévenir.
La hâte des efforts de reconstruction conduit souvent à un manque de préparation et d’équipement adéquat. Dans l’urgence, les ouvriers manipulent les matériaux de construction sans protection suffisante, exposant leurs poumons à des milliers de fibres invisibles. Dans des contextes tels que Gaza, où les contrôles de santé et de sécurité sont limités, cette situation peut entraîner des conséquences tragiques à long terme.
Les gouvernements locaux et les ONG sur le terrain doivent donc être particulièrement vigilants afin de ne pas négliger ce danger.
Solutions possibles : mieux vaut prévenir que guérir
Pour éviter les risques à long terme pour la santé liés à l’amiante, il est essentiel de mettre en place des mesures de protection adéquates, même dans un environnement chaotique tel qu’une zone de guerre ou de reconstruction. Voici quelques moyens de protéger les travailleurs contre ce risque oublié :
- Identification préalable des matériaux contenant de l’amiante : Avant d’entreprendre des travaux de démolition ou de rénovation, il est essentiel de procéder à un diagnostic pour identifier les matériaux contenant de l’amiante. Cela nécessite une expertise technique que les autorités locales, en collaboration avec des experts internationaux, doivent mettre en place.
- Formation et sensibilisation des travailleurs : La formation des travailleurs à la gestion des risques liés à l’amiante est une étape fondamentale. La formation doit inclure des instructions sur la manière de manipuler les matériaux contenant de l’amiante, l’utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) et la manière d’éliminer les débris en toute sécurité.
- Équipement de protection individuelle – EPI : Un EPI et des procédures d’utilisation appropriés sont nécessaires en cas d’exposition potentielle à l’amiante, notamment une combinaison, des gants, des chaussures, des lunettes et un équipement de protection respiratoire :
- Éviter tout contact cutané avec l’amiante. Porter un équipement de protection individuelle fabriqué dans un matériau qui ne peut pas être imprégné ou dégradé par cette substance.
- Porter des lunettes de protection, de préférence avec des protections latérales ou des lunettes de sécurité.
- Les masques respiratoires jetables de type FFP3 (EN 149) sont le minimum requis pour assurer une protection adéquate. Dans certains cas, un masque respiratoire complet équipé d’une cartouche P3 est nécessaire. Dans tous les cas, un masque anti-poussière est inutile. Exemple de masque à gaz approprié : OC50® Masque NRBC – Ouvry – Systèmes de protection NRBC
- Tous les vêtements de protection (combinaisons, gants, chaussures, casques) doivent être propres, disponibles chaque jour et mis avant de commencer le travail.
La plupart des pays ont leur propre législation avec des exigences minimales sur les procédures et les EPI pour la manipulation de l’amiante. Dans le cas de Gaza, nous sommes loin de ces réglementations.


4. Surveillance médicale à long terme : des examens médicaux réguliers doivent être mis en place pour détecter les premiers signes de maladies liées à l’amiante. Dans les régions où les infrastructures de santé sont limitées, des partenariats avec des organisations internationales de santé peuvent contribuer à fournir des services de dépistage.
5. Soutien international : le soutien de la communauté internationale, sous forme de financement et d’expertise technique, est essentiel pour renforcer la gestion de la sécurité au travail et garantir des conditions de reconstruction sûres.
Conclusion
Dans les zones de reconstruction post-conflit telles que Gaza, les travailleurs de la reconstruction sont exposés à des risques considérables, et l’amiante reste l’un des dangers les plus graves, mais souvent négligés. L’urgence de la reconstruction, combinée à des ressources limitées et à un manque d’infrastructures de sécurité, fait que la gestion de ce risque est souvent ignorée. Cependant, il est impératif de mettre en place des mesures de prévention, d’équipement et de formation pour protéger la santé des travailleurs et assurer une reconstruction à la fois rapide et durable. À cette fin, une coopération renforcée entre les autorités locales, les organisations internationales et les ONG est essentielle pour protéger les travailleurs des dangers invisibles de l’amiante.