Lorsque les gaz suffocants ont été remplacés par l’ypérite en 1917 un nouveau pas dans l’efficacité des armes chimiques a été franchi. En effet en plus…
Lorsque les gaz suffocants ont été remplacés par l’ypérite en 1917 un nouveau pas dans l’efficacité des armes chimiques a été franchi. En effet en plus de l’action pulmonaire provoque des brûlures et des cloques sur la peau (vésicant) et agit sur les yeux, les séquelles oculaires ne sont pas rares.
Il a donc fallu ajouter au masque à gaz une protection cutanée. Malheureusement, l’ypérite est capable de traverser un grand nombre de matériaux comme les peintures, les cuirs, les caoutchoucs naturels…
En 1930, la revue de l’artillerie décrit un manteau de protection en toile imprégnée d’huile de lin (sorte de toile cirée). Ce manteau recouvre entièrement l’individu et est complété par une visière protégeant les yeux.
Figure 1 : manteau de protection : revue de l’artillerie en 1930.
Complètement hermétique, aucune substance liquide ou gazeuse n’est capable de traverser le textile. Le concept est tout à fait équivalent aux combinaisons imperméables actuelles dites de « type 3 ». Bien évidemment,le vêtement actuel est plus léger à porter et plus facile à revêtir.
En plus de la protection chimique la combinaison peut conférer une protection biologique et elle est utilisée en cas d’épidémie à germes très dangereux comme celle qui sévit actuellement avec le virus Ebola.
Le tissu complètement imperméable est apparemment très protecteur mais nous avons voulu savoir si ce concept était valable à l’échelle du vêtement en entier, constitué de textile mais aussi de coutures et autres interfaces ? Qu’en est il aussi du confort physiologique de l’individu qui porte ces tenues ?
Nous avons comparé les résultats avec ceux obtenus avec une combinaison NRBC filtrante dans des conditions opérationnelles.
1°) Matériel et méthodes
a- Tenues
– tenue type 3 imperméable
– tenue Ouvry 540013 intégrant une doublure filtrante Saratoga® et des microbilles de carbone
Figure 2 : schéma du textile filtrant Ouvry
b- Simulant de l’ypérite : méthylsalicylate à une concentration de 65 mg.m-3
c- Perméation : méthode SD liquide
d- Tests physiologiques en conditions opérationnelles
Trente capteurs ont été positionnés sur des individus, sous la tenue, selon le positionnement décrit dans la figure 3. Ils mesurent les doses pénétrantes du simulant selon 8 parties du corps : 1_ nuque, 2_ arrière épaules/nuque, 3_avant épaules, 4_ corps, 5_ avant-bras, 6_ haut des jambes, 7_ bas des jambes avant, 8_ bas des jambes arrière.
Les sujets répètent 80 gestes élémentaires identifiés en opération (figure 3), pendant 1 heure dans un caisson simulant un vent de 1m.s-1
Les essais ont été réalisés avec ou sans fermeture des interfaces (capuche, gants, pieds) avec un adhésif en tarlatane.
Figure 3 : représentation des individus en position d’exercice. A gauche la tenue imperméable, à droite la tenue filtrante.
2°) Résultats
a- Perméation.
Résultat des tests de perrméation
Textile combinaison type 3 0 µg.cm2 pendant 24 heures
Combinaison filtrante 0,1 à 0,5 µg.cm2 pendant 24 heures
b- Combinaisons fermées sans tarlatane
Résultats globaux du passage du simulant pendant l’exercice (sans tarlatane)
Pénétration moyenne combinaison type 3 865 mg.mn.m-3
Pénétration moyenne filtrante 46 mg.mn.m-3
En détaillant les parties du corps on obtient les résultats suivants
Tableau I : résultats détaillés en fonction des parties du corps du passage du simulant (sans tarlatane).
c- Combinaisons fermées avec tarlatane
Résultats globaux du passage du simulant pendant l’exercice (avec tarlatane)
Pénétration moyenne combinaison type 3 408 mg.mn.m-3
Pénétration moyenne filtrante 18 mg.mn.m-3
Tableau II : résultats détaillés en fonction des parties du corps du passage du simulant (avec tarlatane).
3°) Interprétation
Les tests in vitro nous montrent que le tissu de la combinaison type 3 ne laisse passer aucune substance ce qui est tout à fait conforme au résultat attendu. En revanche, une faible quantité de liquide traverse le textile filtrant en 24 heures.
En ce qui concerne les doses pénétrantes moyennes en situation d’exercice avec une tenue complète, on constate qu’elle est de 865 mg.mn.m-3 pour la combinaison imperméable type 3 alors qu’elle n’est que de 46 mg.mn.m-3 pour la combinaison filtrante. Lorsque les interfaces sont fermées par du tarlatane, les valeurs sont de 408 mg.mn.m-3 dans le premier cas et de 18 mg.mn.m-3 dans le second cas.
Puisque le simulant ne traverse pas le textile il est évident que sa présence au cours de l’exercice est due à son passage à travers les interfaces. Ceci est corroboré par le fait que la fermeture au tarlatane de ces dernières diminue de moitié le passage de la substance toxique. En revanche les récepteurs ne signalent que 20 fois moins de passage pour les tenues filtrantes (sans et avec tarlatane).
Les points de passage critiques sont les avant-bras, l’entre-jambe et le cou.
Ces phénomènes peuvent s’expliquer par l’effet de « pompage ». Les appels d’air sont sensiblement accrus lorsque la tenue est étanche, notamment au niveau des interfaces.
Les tenues filtrantes produisant moins de dépression, l’effet de pompage est moindre et il est certainement encore réduit par la possibilité de ré-adsorption dans la doublure intérieure carbonée de la tenue.
Physiologiquement, il est évident que le port d’une tenue imperméable du type 3 est très difficilement tolérable. Aucun gaz ne traversant le textile, la sueur de l’individu s’accumule au niveau de la peau entrainant avec elle une augmentation de la température corporelle (on peut rappeler ici que c’est l’évaporation de la sueur qui entraine un rafraichissement de la peau). Au porter, cette tenue se révèle donc tout à fait insupportable avec le temps. Au contraire, une tenue filtrante permet à la sueur de s’évaporer tout en piégeant les gaz toxiques pénétrant à l’intérieur.
4°) Conclusion
Non seulement les tenues NRBC filtrantes protègent mieux que les tenues de type 3 mais elles sont physiologiquement plus tolérantes et robustes. Les solutions filtrantes présentent donc le meilleur compromis protection/mobilité/robustesse permettant de diminuer les rotations de personnels et le nombre de tenues nécessaires dans la montée en puissance d’un dispositif de secours.
La Polycombi® filtrante d’Ouvry est aussi labélisée contre les agents biologiques. Elle permet donc à du personnel soignant de travailler confortablement dans des milieux contaminés par des germes hautement pathogènes comme le virus Ebola par exemple.
Pour des missions de reconnaissance ou des situations mettant en œuvre de grandes quantités de liquide, les scaphandres de type 1 restent incontournables.
Ces résultats sont extraits du rapport TNO 06DV4/1031/17736/brap, étude réalisée pour le compte de la société OUVRY.
http://www.ouvry.com/CBRNe/-Sante-.html