Dans ce blog, nous avons suivi l’épidémie de Covid-19 en analysant son début et son évolution à partir de la Chine, puis les moyens de protection comme les masques (histoire des masques, masques à usage médical, les autres masques comme OCOV et les mesures de ses capacités), les moyens de désinfection du coronavirus, les traitements (en abordant les modes d’action des médicaments comme l’hydroxychloroquine et le redemsevir), puis nous nous sommes posés la question de la fin de l’épidémie.
Que se passe-t-il ?
L’épidémie de Covid recule mais nous commençons à toucher du doigt les conséquences immenses et dévastatrices qui en découlent : conséquences économiques, sociales et sociétales. Si certains y voient l’opportunité de changer le monde en mettant en application des mesures écologiques, dans les transports notamment, ou de mettre en œuvre de nouveaux moyens de consommation (vente directe, moins de viande…), il faut bien avouer que ce qui se voit le plus actuellement ce sont des entreprises qui ferment par centaines ou qui réduisent drastiquement leurs effectifs.
Le confinement nous a montré que le nature est capable de reprendre rapidement ses droits : pollution quasi inexistante, plus de bruit dans les villes, plus d’avions générateurs de pollution sonore et environnementale dans le ciel…
L’exigence de la reprise économique annihile tous ces aspects, la vente des voitures accumulées pendant des mois sur des parkings est repartie de plus belle, le marché de l’immobilier s’est complètement transformé (les familles préférant aller vivre à l’extérieur des villes), le nombre de chômeurs augmente d’une manière inquiétante…
Tous les grands équilibres vont se trouver modifiés !
En étudiant les transformations de la société à partir du XIVe siècle, après l’épidémie de peste noire, on a pu voir combien les bouleversements ont été considérables et que l’après Covid-19 mérite d’être suivi attentivement.
La peste noire du Moyen Âge
Apparue à Caffa en Crimée en 1346 et elle s’est répandue dans toute l’Europe à partir de 1347, amenée par les bateaux génois quittant leur comptoir florissant.
L’épidémie fut la plus meurtrière du Moyen Âge, tuant jusqu’à 50 % de la population en 5 ans (1347-1352). C’est absolument gigantesque… À titre de comparaison, la grippe espagnole H1N1 qui a suivi la première guerre mondiale a tué jusqu’à 5 % de la population.
Les conditions environnementales alliant une surpopulation des villes et vivant dans de très mauvaises conditions d’hygiène, des rats à foison (nous rappelons que la peste est transmise à l’homme par la puce du rat), une totale ignorance de la nature de la maladie, une médecine incapable, ont permis l’établissement durable de l’épidémie.
Conséquences économiques
La plupart des hommes et des femmes actifs mourant rapidement, la main d’œuvre a commencé à manquer surtout dans le domaine agricole ; la production de céréales a baissé de 30 à 50% provoquant en 10 ans une augmentation du prix du blé de 300%. Les « seigneurs » qui faisaient travailler gratuitement les paysans sont maintenant obligés de rémunérer, tout au moins ceux qui sont encore disponibles pour ce travail.
Plus surprenant, les propriétaires de logements en ville n’ayant plus de locataires sont obligés d’abaisser drastiquement le prix des loyers ce qui provoque un exode rural très massif à l’origine du repeuplement des villes.
Les meilleures conditions de travail des paysans, travailleurs et autres artisans est à l’origine du processus menant à la fin du système traditionnel de la seigneurie.
Conséquences sociales
Des familles entières disparaissent ainsi que beaucoup de villages.
L’affaiblissement de l’ordre social augmente le nombre de bandits sur les routes tandis que les personnes de la classe dominante fuient, rejoignant des lieux sûrs (châteaux, manoirs…). Ce dernier aspect est étonnamment moderne !
Les inégalités se creusent entre ceux ;
- plus aisés qui peuvent s’éloigner du mal en allant dans les campagnes moins atteintes par la maladie cf. « Décaméron » de Bocacce.
- les pauvres démunis de tout qui paient un lourd tribu à la maladie.
Conséquences sociétales
L’ignorance des causes, l’impuissance des médecins, la rapidité de la propagation mènent à la fuite vers le « spirituel ». Les populations qui se plaçant sous la protection de la religion enrichissent l’église. Le mouvement des « flagellants » est à son apogée (jusqu’à un million de flagellants). Très actif au moment de la peste noire en 1348 il comprend alors des marginaux, des criminels, des vagabonds qui veulent se se soustraire à la justice. Ils demandent la destruction de l’église et accusent les juifs d’être à l’origine de la peste !
Les « manies dansantes » comme celle de Strasbourg en 1518 sont le témoignage d’une population complètement désorientée.
Les pèlerinages vers Rome font du bien aux caisses de l’église mais aident aussi la maladie à se à répandre.
Les juifs, désignés comme bouc émissaires sont persécutés et brûlés vifs. Ce sont 350 communautés juives qui se sont disséminés en Espagne et Allemagne et qui sont à l’origine d’un grand nombre de diasporas. Il faut rappeler qu’à cette époque, l’hygiène pratiquée par ces communautés était bien supérieure à la moyenne, donc il y avait moins de rats, moins de puces et donc moins de cas de peste. Il était alors facile de les accuser d’être responsables du fléau !
Autres conséquences
Source d’inspiration profonde sur la littérature (Décaméron pendant la peste de Florence), Pétrarque (De la vie solitaire)…
Des œuvres picturales représentant la souffrance et la mort (Le triomphe de la mort (1562) Pieter Bruegel) et autres « danses macabres »…Des saints intercesseurs comme St Sébastien et St Roch font l’objet de nombreux tableaux…
Cet aspect culturel est très important puisqu’on peut considérer qu’il est à la base de la Renaissance.
Conclusion
Bien sûr, le bilan humain de l’épidémie de Covid-19 n’est pas comparable à celui de la peste noire. De plus, il est beaucoup trop tôt pour faire une analyse de la pandémie car, si on veut bien y regarder de près, nous n’en sommes pas encore sortis. Si on se réfère aux autres épidémies, les conséquences pourront encore se faire sentir pendant plusieurs années, voire dizaines d’années (ou même plusieurs siècles dans le cas extrême de la peste noire).
Dans tous les cas, cette pandémie aura fait relativement peu de morts dans le monde (548 000 décès à ce jour en juillet 2020) par rapport aux différentes pestes et même à l’épidémie de grippe espagnole H1N1 (20 millions de morts en 2 ans).
De plus, la mortalité a concerné dans l’immense majorité des cas les personnes âgées de plus de 65 ans.
Les conséquences seront surtout celles du confinement généralisé et ses résultats économiques catastrophiques. Mais il y aura aussi beaucoup de leçons à tirer et il faudra analyser de près les prises de position des grands dirigeants de ce monde, les impacts sur le monde de l’édition scientifique, le rôle des médias, la recherche scientifique accélérée sur les traitements et les vaccins, le rôle des grandes institutions mondiales de la santé, les mesures de prévention, les lourdeurs administratives…
Il faudra attendre encore de nombreuses années pour juger de l’impact réel de cette pandémie.
Bibliographie
2 commentaires
Analyse et explications bien instructives mais pourquoi terminer par « de plus, la mortalité….. » cela voudrait-il dire que c’est moins grave de mourir à 65 ans plutôt qu’avant ?
Non bien sûr, ayant moi-même largement dépassé cet âge ! Je voulais simplement dire que, contrairement à ce qui s’est passé pendant la grande peste du Moyen âge et la grippe espagnole, la perte de la population en âge de travailler avait eu des conséquences économiques bien plus graves, puisqu’il est beaucoup plus difficile de faire repartir les différents secteurs de l’économie sans les personnes directement concernées par le travail. Je profite d’ailleurs de votre commentaire, dont je vous remercie, pour insister sur le fait que les retraités constituent la majeure partie des activités bénévoles de notre pays, activités indispensables à l’équilibre de notre société.